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s’approprier. Un nombre infini de suçoirs est répandu sur toute la superficie des racines ; c’est par eux que la séve & les sucs propres pénètrent dans l’intérieur du végétal qu’ils vont animer.

Tels sont les objets que l’arbre offre à la première vue ; mais si l’on entre dans quelques détails, si l’on examine toutes les parties qui le composent les unes après les autres, quelle profusion ! quelle richesse ! quelle variété !

L’épiderme frappe d’abord les regards : cette peau si mince, unique dans quelques sujets, & si multipliée dans d’autres, enveloppe immédiatement l’écorce ; sa transparence lui fait prendre la couleur du tissu cellulaire qu’elle recouvre ; semblable en cela à l’épiderme des animaux, à travers lequel on distingue les chairs, les graisses & les vaisseaux. Flexible & molle dans la jeune plante, elle s’étend d’abord suivant son accroissement : mais cette extension reconnoît un terme ; elle se déchire, & n’offre plus que des lambeaux morts & desséchés. Si l’épiderme tient encore à l’écorce, c’est moins alors par la vie dont elle jouit, que par son adhérence à la nouvelle peau qui se reproduit sous l’ancienne. Tout a son utilité & sa destination dans la nature. L’épiderme s’oppose à une transpiration trop abondante qui affoibliroit la plante ; il conserve les parties qu’il recouvre, & les empêche de se dessécher & de s’exfolier. Composé d’utricules, il renferme une humeur vivifiante.

Si avec la pointe d’un instrument délicat on enlève l’épiderme, on apperçoit immédiatement au-dessous une substance très-sensible dans plusieurs plantes, sur-tout dans le sureau, souvent d’un verd très-foncé, presque toujours succulente & herbacée, que M. Duhamel a nommée enveloppe cellulaire. Elle paroît être les dernières productions du tissu cellulaire.

Le tissu cellulaire lui-même, composé d’utricules abondantes en humeurs propres, est disséminé dans les aires ou interstices d’un réseau formé par des fibres longitudinales qui se joignent & s’anastomosent dans toutes sortes de sens. Ce réseau, ce plexus cortical n’est pas un seul corps ; il est distribué en plusieurs couches de la même composition, qui, allant se terminer au liber, composent l’écorce proprement dite. Enveloppe nécessaire à l’arbre, elle le défend de l’intempérie de l’air, & protège la formation & l’accroissement de la partie ligneuse. Des vaisseaux de différente nature, & destinés à différens emplois, traversent l’écorce suivant son épaisseur & sa hauteur.

Le passage de l’écorce, partie si délicate, au bois ferme & dur, sans substance intermédiaire, auroit été trop brusque ; la nature y a pourvu, en plaçant entre deux l’aubier. Les couches ligneuses, d’abord molles & herbacées, n’acquièrent pas subitement la solidité du bois parfait ; il faut des années pour opérer ce changement, & l’endurcissement des couches depuis l’écorce jusqu’au centre, ne se fait que par degré. Cependant ce passage n’est pas si insensible, que l’on ne distingue dans presque tous les arbres une portion ligneuse d’une