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de communication dont il a été parlé ; on détache ensuite le cabinet qu’on veut dépouiller, en ôtant les crochets qui se tenoient uni à celui du milieu ; on le transporte à quelques pas du rucher : s’il y a quelques abeilles qui gardent leurs ouvrages, on les fume un peu, pour les obliger d’abandonner leurs provisions, & les faire retourner dans la mère-ruche : on détache ensuite la planche latérale qui ne tient qu’avec des petits cloux ; on enlève les rayons de miel : après avoir remis la planche, on porte le cabinet dépouillé à sa place ; on ouvre le trou de communication, afin que les abeilles se remettent à leurs ouvrages : on fait la même opération sur l’autre cabinet, lorsqu’on s’est assuré qu’il est rempli.

Le sieur Ravenel a recueilli une fois dans les deux cabinets latéraux d’une mère-ruche quatre-vingt-huit livres pesant de rayons, produits par un seul essaim ; c’est la plus forte récolte qu’il ait eue. Pendant quatorze ans, il n’est sorti aucun essaim de ses ruches, parce que les nouvelles générations d’abeilles trouvoient à côté de leur mère des logemens vacans, où elles alloient s’établir. Quand il n’y a plus de place, les essaims prennent leur essort. Le sieur Ravenel a un rucher composé de quatorze essaims ou mères-ruches, c’est-à-dire contenant quarante-deux cabinets : les deux poteaux qui le soutiennent, portent sur deux pierres de taille, creusées tout autour & remplies d’eau, où les fourmis & autres insectes vont se noyer.


Section XI.

Ruches de M. de Gélieu, Pasteur à Lignières.


Les ruches de M. de Gélieu sont très-commodes pour former des essaims artificiels : leur invention est due principalement à cet objet. Elles ont la forme d’une caisse, qui, mesurée en dedans, a douze pouces de hauteur, neuf de largeur & quinze à dix-huit de longueur. Les deux premières dimensions ne doivent jamais varier : quand on veut rendre la ruche plus grande ou plus petite, on peut augmenter ou diminuer la longueur. Les planches qu’on emploie pour construire ces ruches ont un pouce & demi d’épaisseur ; par ce moyen, sans le secours des surtouts, elles garantissent parfaitement les abeilles de la grande ardeur du soleil & des froids excessifs ; le miel n’est point exposé à couler, ni la cire à se fondre lorsqu’il fait très-chaud : les fortes gêlées ne le durcissent point, comme il arrive dans les ruches dont les parois sont fort minces. Le couvercle est fait avec une planche de même épaisseur que celle de la caisse, à laquelle il est attaché solidement avec des cloux ou des chevilles. La base de la ruche n’est fermée que par la table ou le support, ainsi que les ruches ordinaires. Sur un des grands côtés de la ruche, qui doit être placé sur le devant, on fait en bas, & précisément au milieu, une entaille de trois pouces de largeur sur un demi-pouce environ de hauteur, pour servir de porte aux abeilles.

La ruche étant construite, comme nous venons de le dire, on la scie de