Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1782, tome 2.djvu/177

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solide ; bien d’à-plomb, perpendiculaire à l’horison, & d’une manière fixe ; le moindre mouvement, la moindre oscillation est en état d’altérer, jusqu’à un certain point, son exactitude. Il faut encore, s’il se peut, l’exposer dans un endroit dont la température soit celle de l’atmosphère, afin qu’il éprouve les mêmes altérations de chaleur & de froid ; car s’il est renfermé dans un appartement très-chaud, par exemple, tandis que l’air sera très-froid, la colonne de mercure, dilatée par la chaleur de l’intérieur, sera nécessairement plus élevée qu’elle ne le seroit en plein air.

Le principe, l’élévation de la colonne de mercure dans le baromètre est en raison de la hauteur de la colonne d’air qui pèse sur le mercure, a conduit à l’application du baromètre, pour mesurer la hauteur des montagnes. En effet, plus on monte & plus la colonne d’air diminue ; & plus elle diminue, plus le mercure baisse dans le baromètre. Cela posé, voici comme on emploie cet instrument. Il faut d’abord en avoir deux parfaitement d’accord, & qui marchent bien ensemble. On en laisse un au bas de la montagne & on transporte l’autre au haut, ou à différentes stations, & l’on tient registre à chacune, de l’abaissement exact du mercure. On compare ensuite les deux baromètres, après avoir retranché ou ajouté à celui que l’on a employé sur la montagne, les variations du stationnaire, s’il en a éprouvé quelques-unes. En général, l’abaissement d’une ligne de mercure indique une élévation de treize toises ; ainsi donc, si le baromètre est descendu, par exemple, de dix lignes, défalcation faite de toute variation, on devra en conclure que la montagne, ou la station, est élevée au-dessus du baromètre stationnaire de cent trente toises ; ainsi des autres.

On sent facilement combien cette manière de mesurer demande d’exactitude dans celui qui l’emploie. Non seulement il faut faire attention à l’élévation de la colonne de mercure, mais encore à sa dilatation ou à sa condensation. C’est ici surtout qu’il faut faire l’application de la règle que nous avons tracée dans le dernier alinéa de la section première. M. Deluc, qui le premier a employé cette méthode avec succès avoit adapté à son baromètre deux thermomètres, l’un pour les corrections à faire à la hauteur de la colonne de mercure, & l’autre pour les corrections à faire à la température de l’air dans le lieu & le tems de l’observation ; enfin l’application des logarithmes des hauteurs du baromètre, exprimées en lignes, observées au haut & au bas de la montagne, a perfectionné cette méthode. C’est dans l’ouvrage même de ce fameux physicien, intitulé : Recherches sur les différens états de l’athmosphère, qu’il faut étudier tous ces détails absolument nécessaires pour avoir des mesures exactes & précises.

L’emploi du baromètre pour la mesure des montagnes, a fait chercher le moyen de le rendre portatif, sans qu’il pût se casser, & sans que l’air pût s’introduire dans le mercure. Pour remplir ces deux objets, on se sert d’un tube étranglé par un bout, comme nous