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cynara hortensis. M. le chevalier Von Linné le nomme cynara scolymus, & le classe dans la singénésie polygamie égale.


I. Description du genre.
II. Des différentes espèces d’Artichaut.
III. De la manière & du tems de les semer.
IV. De la manière de les multiplier par œilletons ou par filieules.
V. De la culture qu’ils exigent.
VI. Des moyens d’augmenter le volume du fruit & de le conserver.
VII. Ses propriétés.


I. Description du genre. Fleur, composée, flosculeuse ; les fleurons sont en forme de tube. Les fleurons hermaphrodites sont, dans le disque & à la circonférence, égaux, rassemblés dans un calice renflé & écailleux. Le calice est grand, évasé, les folioles ou écailles le recouvrent alternativement & tout le tour. La forme des écailles varie suivant les individus nommés espèces par les jardiniers, & variétés par les botanistes, ainsi qu’on le verra.

Fruit. Point de péricarpe. Le calice contient des semences solitaires, ovales, à quatre faces arrondies, couvertes d’une aigrette assez longue, dont la couleur bleue tire sur le violet ; les semences sont placées sur un réceptacle commun, plane & couvert de poils.

Feuilles, un peu épineuses, presque ailées, souvent découpées, & quelquefois entières ; la surface inférieure un peu velue, blanchâtre ; la couleur de la supérieure approche de celle qu’on nomme verd de mer.

Racine ; en forme de fuseau, ferme, épaisse & fibreuse.

Port. Tige de la hauteur de deux pieds, & souvent plus ; droite, cannelée, cotonneuse ; la fleur naît au sommet d’un péduncule qui est une prolongation de la tige ; ce péduncule est épais, feuillé ; & outre la principale tige, il en pousse de côté plusieurs secondaires également chargées de fruit ; les feuilles sont placées alternativement.

Lieu : les contrées méridionales de l’Europe ; cultivé dans les jardins potagers. La plante est vivace. M. le chevalier Von Linné indique les environs de Narbonne pour le pays natal de l’artichaut. Je l’ai cherché vainement dans les campagnes sans l’y trouver. Quoique cette contrée éprouve peu de froid, il y gêle cependant, & son pied périt tout entier. Ce n’est pas la marche des plantes vivaces dans leur pays natal. Il y a apparence que M. Von Linné a été trompé par les renseignemens qu’on lui a fournis.

II. Des différentes espèces d’artichaut. Il est difficile de bien caractériser ce que les jardiniers appellent espèces, sur-tout lorsque l’on prend la couleur pour base, puisque sur le même pied j’ai vu des fruits plus ou moins verds approchant du blanc, & tous deux ensemble ; & des rouges & violets, également sur le même pied. Peut-être faudroit-il considérer ces espèces plutôt relativement au lieu où on les cultive, puisqu’il est probable que c’est l’espèce qui y réussit le mieux. Par exemple, dans la partie basse du Languedoc & de la Provence, &c. on cultive deux espèces d’artichaut, dont le fruit est très-petit, proportion gardée avec l’espèce cultivée dans les environs de Paris. Les uns sont appelés