Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1782, tome 2.djvu/228

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

rable à toute autre forme : plus d’animaux sont rangés sur la même ligne le long des râteliers ; & il est plus aisé de leur distribuer la nourriture, que lorsqu’elle est coupée par plusieurs râteliers ; les moutons se pressent moins les uns contre les autres pour manger. La moitié de la longueur doit former la largeur ; cependant en Flandre, par exemple, pour quarante moutons, on donne vingt-cinq pieds de long sur vingt pieds de large ; & dans le Cotentin, où l’espèce de bête à laine est beaucoup plus petite qu’en Flandre, cet espace est censé suffisant pour contenir 70 moutons. M. Hastfert, suédois, très-instruit dans cette partie, exige quatre pieds & demi carré d’étendue pour un mouton de moyenne grosseur. L’élévation du plancher doit être au moins de dix pieds sur une bergerie de cinquante pieds de longueur.

Choisissez, si vous le pouvez, un côteau pour placer la bergerie. Le sol formé par le rocher est le meilleur ; celui en gravier est bon : le sol terreux est le moins avantageux. Le plus cruel ennemi des bêtes blanches, est l’humidité. Si la bergerie est placée sur un côteau, faites creuser tout autour un fossé, afin que les eaux pluviales s’écoulent avec facilité ; de manière que la base du fossé pratiqué dans la partie supérieure, soit au-dessous du niveau de la partie la plus basse de la bergerie ; dès-lors l’humidité extérieure sera peu à craindre dans l’intérieur. Ce fossé supérieur communiquera avec ceux de la circonférence, & les eaux iront se rendre dans une grande fosse ménagée au-dessous de la bergerie. Cette fosse recevra également les urines, & sera garnie de paille, de feuilles, &c. ; par ce moyen, on aura à la fin de l’année, une masse assez considérable de fumier, si le berger ou les valets ont soin d’y balayer les excrémens que rend le troupeau en dehors, en entrant ou en sortant de la bergerie. Un petit pont en bois ou en pierre, bâti sur le fossé, servira pour l’entrée & la sortie du troupeau. Le sol de la bergerie doit être en plan incliné d’un pouce sur trois pieds. Quelques auteurs exigent que le sol soit de niveau. Je ne suis pas de cet avis ; une bergerie ne sauroit être trop sèche. Qui est-ce qui ignore que l’humidité réunie à la chaleur, est la cause la plus active, & celle qui produit le plutôt la pourriture ?

Je demande pour condition essentielle, que la bergerie soit située dans sa longueur, du nord au midi ; & ses côtés, de l’est à l’ouest. Il est prudent de la séparer des autres écuries, s’il se peut ; ou du moins, de ne laisser entr’elles aucune communication. On cherche ordinairement le sol le plus uni pour former la cour générale de la ferme ; il faudra, dans ce cas, donner à celui de la bergerie, la pente indiquée. La bergerie séparée de la ferme est ordinairement la cachette générale des valets & des pasteurs. Le maître n’est plus dans le cas de voir à chaque heure du jour ce qui s’y passe. On doit cependant convenir qu’une bergerie séparée & isolée est bien mieux aérée ; ce qui est un point de la plus grande importance pour la conservation des troupeaux.

II. Des murs & des jours de la