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seulement quand les plantes les plus précoces commencent à perdre leurs fleurs. Quant aux prairies artificielles, on peut commencer à les faucher quand leurs boutons à fleur paroissent. Cette précaution, jointe aux deux attentions précédentes, préserve le bétail de ces gonflemens si ordinaires, lorsqu’on commence à le nourrir en vert, & de la diarrhée, à la vérité moins dangereuse. Par la même raison, il sera à propos de mêler du foin avec l’herbe quand on commence à nourrir le bétail en vert, afin de l’accoutumer peu à peu à l’herbe pure.

5o. Par la même raison, on doit bien se garder de donner l’herbe coupée quand il pleut & lorsqu’elle est trop humide. Le bétail doit, dans cette circonstance, se contenter du fourrage sec. Plus l’herbe est grasse & succulente, plus l’observation de cette règle est nécessaire ; cependant dans la nécessité, & surtout quand le foin ne se trouve pas bon pour les vaches à lait, M. Tschiffeli a fait donner plus d’une fois pendant la pluie, de la fenasse, c’est-à-dire des plantes graminées, de celles qui rapprochent de l’avoine par la disposition de leurs fleurs, de leurs grains, parce qu’elles s’imbibent moins d’eau que les autres. Il donnoit cette herbe toute humide aux bêtes, & il n’en est survenu aucun accident. On peut encore l’étendre sous des hangards bien aérés, & enlever l’humidité superflue avec des linges que l’on presse sur le fourrage.

6o. S’il est tombé une forte rosée, il faut attendre, pour couper l’herbe, que le vent & le soleil l’aient un peu séchée. Le soir, une ou deux heures avant le coucher du soleil, est le tems le plus propre pour cette opération, qui ne doit jamais être entreprise dans le fort de la chaleur. Les plantes alors sont flétries, & plaisent moins au bétail. L’on fauche le matin pour le midi & pour le soir ; & le soir pour le matin suivant.

7o. La faux doit être suivie immédiatement du râteau. L’on charge promptement l’herbe sur le char, & on la répand aussi éparpillée qu’il est possible dans la grange. Quand l’herbe est grasse & entassée, elle s’échauffe en peu d’heures, & commence à fermenter ; ensorte qu’elle devient autant désagréable au bétail, que dangereuse pour sa santé. L’opération qui vient d’être décrite, est regardée comme une opération tellement nécessaire, que les dimanches & fêtes n’y apportent aucun obstacle, même dans les cantons protestans, où les pasteurs sont plus rigoristes sur l’observation du dimanche même, que dans les pays catholiques.

Si, malgré l’observation de toutes les règles indiquées ci-dessus, il arrivoit qu’une bête vint à enfler ; accident souvent suivi d’une mort prompte ; si le secours n’est aussitôt donné, voici un moyen curatif & radical, autrefois publié par la société d’agriculture de Tours. « Faites avaler à la bête malade, trois ou quatre livres de lait fraîchement trait d’une vache saine ; après quoi, sortez-la de l’étable, & faites-lui faire quelques tours : ensuite, pour plus de sûreté, vous la laisserez huit ou neuf heures sans manger, & ne