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jours été d’accord sur l’origine des bitumes. Quelques-uns ont pensé qu’ils étoient un produit minéral ; d’autres, qu’ils étoient dûs aux règnes végétal & animal. Le premier systême n’a plus de partisans ; & tous les bons naturalistes conviennent à présent, que c’est à la décomposition des substances animales & végétales sur-tout, qu’il faut remonter pour trouver la formation des bitumes. On ne peut douter que les matières végétales & animales renfermées dans le sein de la terre, ou qui se détruisent continuellement à sa surface, ne forment un dépôt de matière huileuse, qui, par l’action des acides, & la fermentation intérieure, ne puissent prendre le caractère de bitumes. L’homme, dans un assez court espace de tems, vient à bout de former des bitumes artificiels, en combinant des acides minéraux avec des huiles végétales. Il ne manque peut-être à ces bitumes, que le tems, une plus longue digestion, une pénétration plus intime, une combinaison plus parfaite pour être de vrais bitumes. Que ne fera donc pas la nature, qui a pour elle le tems, & qui emploie des moyens dont la simplicité conduit toujours à la perfection ?

On peut donc supposer avec vraisemblance, qu’une très-grande quantité de végétaux & d’animaux ont été enfouis dans la terre à différentes profondeurs, par des accidens & des révolutions considérables. Mille observations d’histoire naturelle confirment cette supposition. Ces matières se décomposent insensiblement & fermentent ensemble ; la partie huileuse s’en sépare, les acides qu’elles-mêmes contenoient, & ceux qui se trouvent dans la terre, réagissent contre ces matières huileuses, se combinent avec elles, & forment une nouvelle substance, que la partie terreuse des premières rend plus ou moins solide. Lorsque ces bitumes conservent leur fluidité, ou qu’ils sont mêlés avec des courans d’eau, alors ils s’échappent de la terre par les ouvertures qu’ils rencontrent, tantôt pur, comme l’huile de pétrole, tantôt nageant à la surface des eaux qui les ont chariés, comme l’asphalte ou bitume de Judée.

Telle est, en peu de mots, l’explication la plus probable que l’on puisse donner de la formation des bitumes dans les entrailles de la terre. (Voyez Charbon de terre) M. M.


BLAIREAU. De tous les animaux sauvages auxquels l’homme déclare la guerre, il n’en est pas qui la mérite aussi peu que le blaireau. D’un naturel tranquille, & même paresseux, aimant la solitude, vivant toujours assez loin des habitations, dans l’épaisseur des taillis, s’y creusaut une demeure profonde, où il passe les trois quarts de la vie ; le blaireau n’en sort que pour aller chercher sa nourriture, qui ne consiste souvent qu’en mulots, lézards, serpens, sauterelles, quelquefois des jeunes lapereaux & presque toujours des racines suffisent à sa subsistance. Le tort qu’il fait à l’homme est presque nul, sur-tout en comparaison du service essentiel qu’il lui rend en détruisant les nids des guêpiers, dont il mange