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lumeau se prolonge depuis la racine jusqu’à sa plus grande hauteur : son développement ressemble assez à une lunette d’approche, ainsi qu’il a déjà été dit, dont on tireroit successivement les tubes emboîtés les uns dans les autres, & distingués par autant de viroles. Quand le chalumeau est parvenu à sa plus grande hauteur, l’épi ne cesse plus d’augmenter de volume : il ouvre & dilate la gaine dans laquelle, jusqu’alors, il étoit demeuré clos & comme emmailloté ; il s’élève de trois pouces, & quelquefois encore plus, au-dessus de l’espèce de collier C de la dernière feuille. M. Poncelet en prit un fragment, (Fig. 17, Pl. 10) qu’il plaça au foyer du microscope de Dellabare, & cette feuille lui présenta alors le spectacle le plus intéressant : des espèces d’angles successivement rentrans & saillans, placés dans un ordre symétrique, & relevés par des points brillans, d’une lumière aussi vive que celle des pierres précieuses, s’offrirent à sa vue ; il dessina la figure de cette feuille, telle qu’elle est représentée (Fig. 17) & il la vit composée de diverses parties organiques.

I. Les fibres, corps infiniment grêles, solides, alongés, & de la nature du bois. Ce sont ces fibres, plus ou moins rassemblées, qui constituent la charpente de la plante ; & par cette raison, répondent assez bien aux os des animaux.

II. Les utricules, toujours pleins d’un suc transparent.

III. Les trachées sont ici d’un diamètre assez considérable comparé au diamètre des autres vaisseaux. On les distingue par une suite d’anneaux placés verticalement d’espace en espace, dans toute la longueur des feuilles & du chalumeau.

IV. Le vase propre, tube droit, placé entre les fibres, & suivant régulièrement leur direction. Il est toujours rempli d’huile, qu’il charie, selon les besoins de la plante, dans toutes les parties convenables. C’est le conducteur de la substance glutineuse, ou plutôt gommo-résineuse qu’on trouve dans le blé.

La feuille toujours placée au foyer du même microscope, parut divisée en A (Fig. 17) par une nervure presque imperceptible : suivoient ensuite des deux côtés de cette nervure, plusieurs espèces de colonnes BCD, disposées par angles alternativement rentrans & saillans. Chaque colonne étoit composée d’une infinité d’utricules, de trachées & d’autres vaisseaux plus grêles, qui paroissoient communiquer entr’eux par des espèces d’anastomoses. Les bords de la feuille FF étoient garnis de denticules comme une scie, & ces denticules paroissoient assez éloignés les uns des autres. À la partie la plus saillante, ainsi qu’à la partie la plus rentrante de chaque angle, on appercevoit distinctement plusieurs points brillans, disposés en quinconce. Ces points, vus d’un certain côté, ressembloient parfaitement aux denticules dont le bord des feuilles étoit garni ; & c’est à ces denticules, dont la feuille est parsemée, qu’on peut attribuer cette espèce d’aspérité que l’on ressent quand on y passe le doigt.

M. Poncelet prit ensuite un fragment du chalumeau, (Pl. 9, Fig. 16) au milieu duquel se trouvoit