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laisser promener dans une basse-cour close de murs.

Le tems de la monte dure depuis le mois d’Avril jusqu’au commencement de Juillet. La vache qui est en chaleur mugit fréquemment & avec plus de force que dans les autres tems. Elle saute sur les vaches, sur les bœufs, & même sur les taureaux. La vulve est gonflée & saillante en dehors.

Le taureau le plus jeune & le plus ardent, demande beaucoup de ménagement, lorsqu’on veut le faire couvrir avec succès pendant plusieurs années : c’est particuliérement au printems qu’il a plus à faire, parce que la vache est communément en chaleur au mois d’Avril, de Mai & de Juin, quoiqu’il y en ait dont la chaleur soit plus tardive, & d’autres dont elle soit plus précoce. Quand il s’approche de la vache, on l’aide en dirigeant le membre dans le vagin, & en détournant la queue de la vache, de crainte qu’il ne se blesse. Il arrive quelquefois au taureau de sortir avant que d’avoir éjaculé l’humeur séminale, de monter plusieurs fois inutilement, de vouloir répéter l’acte de la génération, d’être dérangé par les divers mouvemens de la vache, & de dédaigner celle qu’il doit couvrir. Dans tous ces cas, il faut avoir recours aux moyens que nous indiquerons pour l’étalon, au mot Cheval, (Voyez le mot Cheval)

La vache retient plus aisément que la jument, souvent dès la première & seconde fois ; rarement faut-il que le taureau y revienne trois fois ; par conséquent un taureau qui ne couvre que de deux jours l’un, depuis le commencement d’Avril jusqu’à la mi-Juillet peut couvrir plus de trente vaches, sans risque d’être épuisé.

Il est essentiel, pour empêcher la dégénération de l’espèce, de croiser les races en les mêlant, & surtout en les renouvelant par des races étrangères. Si les campagnes sont souvent dépourvues de beaux bœufs, c’est parce qu’on apporte trop peu de précautions sur le choix, la qualité & le nombre des taureaux. Dans toutes ces circonstances, le laboureur est obligé de faire saillir ses vaches, soit par des taureaux lâches, foibles & épuisés, soit par des taureaux trop jeunes. Ces animaux s’épuisent, leur accroissement, leur force & leur courage diminuent, & les productions que l’on obtient sont peu propres à fournir de bons élèves. Il conviendroit mieux de faire venir des taureaux de Danemarck, de la Suisse, des Cevènes & de l’Angleterre, & de les distribuer dans les campagnes ; par ce moyen les habitans n’étant pas obligés de faire sauter leurs vaches par les taureaux du pays, on verroit bientôt le grand nombre & la belle espèce des bœufs se rétablir. Il n’est pas moins nécessaire aussi de choisir pour parcs des terrains secs, légers, fertiles en plantes nutritives, aromatiques, & arrosés d’une eau courante.

L’accouplement fait, on sépare le taureau de la vache, en les laissant reposer pendant demi-heure ; ensuite l’un est conduit à l’étable, & l’autre au pâturage, La vache fécondée ne mugit plus, la vulve