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de Cœsalpin ; « au moyen de ces distinctions, dit-il, le règne végétal se trouve divisé comme un grand corps de troupes. L’armée est divisée en régimens ; les régimens en bataillons ; les bataillons en compagnies ; les compagnies en soldats ».

III. Phrases botaniques. En descendant insensiblement de la classe générale à la dernière division, on arrive à la plante qui fait l’objet des recherches. Pour la reconnoître, il ne suffit pas de savoir à quel genre, à quelle espèce elle appartient ; il faut encore connoître ses caractères propres & son nom. Les plantes usuelles & communes en ont un, que le peuple leur a assigné de tout temps ; on en a donné à celles que l’on a rangées depuis dans les différens systêmes, & tous les jours on est obligé d’en créer pour les nouvelles espèces & les individus que les voyageurs botanistes rencontrent. Outre ce nom particulier, chaque botaniste décrit une plante d’après son systême, & cette description s’exprime dans le moindre nombre de mots possibles, dans une phrase courte & précise. Tous les auteurs n’ont pas également réussi dans cette partie de la botanique, qui est certainement une des plus essentielles. En général, une phrase botanique, pour être bonne, doit présenter en abrégé, la somme des différences d’une espèce d’avec toutes les espèces du même genre : celles du chevalier von Linné, sont plus précises que celles des autres auteurs. Avec tout cela, elles ne sont pas exemptes de défauts : le grec-latin dont elles sont composées, n’est pas à la portée de tout le monde, & devient fatigant à retenir. Les phrases, dans Tournefort, ne portent souvent que sur le nom du pays de la plante, ou sur celui du botaniste qui l’a découverte.

Comme notre Ouvrage est destiné à l’utilité commune, & que notre projet en le composant, est de le rendre intelligible pour tout le monde, les phrases botaniques que nous emploirons, seront toujours en françois ; nous tâcherons qu’elles soient claires, simples & précises. Nous y joindrons toujours celles de MM. Tournefort & von Linné, afin de faire reconnoître les plantes aux botanistes ordinaires. Il paroît donc absolument nécessaire de faire connoître les deux fameux systêmes que ces auteurs ont imaginés. Ils sont nos guides les plus sûrs ; & en les adoptant l’un & l’autre, c’est le moyen de les corriger & de les perfectionner mutuellement.

Voyez au mot Systême, le développement de ceux de MM. Tournefort & von Linné.

Section IV.

De l’histoire naturelle d’une plante.

L’histoire naturelle offre une infinité d’objets à nos recherches & à notre curiosité. Rarement oublie-t-elle les soins que nous nous donnons pour l’étudier ; & dans tous ses règnes elle offre à chaque instant des spectacles intéressans, des découvertes piquantes, ou des merveilles à admirer. Le règne végétal séduit, attache ; & la plus simple, la plus humble des plantes mérite toute l’attention de l’homme. L’his-