Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1782, tome 2.djvu/402

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sont les parties qui la composent, comment elles se développent ; alors le semis ne sera plus pour vous un objet mécanique, une opération grossière, mais une source d’observations intéressantes qui régleront, & le tems, & la forme de semer, & le choix de la semence. Quand vous aurez bien disséqué les tiges des plantes, que vous posséderez à fond l’organisation végétale, vous verrez bientôt sur quels principes sont fondés les marcottes & les boutures ; vous apprendrez quelles sont les plantes qui en sont susceptibles ; & joignant toujours l’expérience au raisonnement, vous serez bientôt en état de multiplier à l’infini vos richesses par ce moyen singulier : vous y trouverez un double avantage, & celui de la réproduction certaine de la même espèce, & celui d’une jouissance plus prompte. Les semis donnent ordinairement des variétés ; & l’on ne sait ce que l’on aura, que lorsque la plante est parvenue à son point de perfection ; au lieu que les marcottes & les boutures ne sont jamais sujettes à changer.

II. Institution végétale. Tout a concouru pour seconder vos desirs : les plantes que vous avez semées croissent & s’élèvent de jour en jour ; celles que vous avez marcottées, ou que vous avez multipliées de boutures, ont pris des racines ; de nouvelles branches poussent de tous côtés : c’est ici que la nature réclame vos soins. Vous avez entrepris de l’améliorer, elle va être docile, & se courbera, pour ainsi dire, sous votre main, afin de remplir vos desirs ; mais n’épargnez point vos peines, ne calculez pas avec elle, ne vous reposez point sur ce que vous avez fait, agissez continuellement ; la nature s’efforce à chaque instant de reprendre ses droits ; & si vous vous négligez, cette jeune plante que vous voulez civiliser, rentrera bientôt dans son état agreste & libre. Ici, rien ne se fait à l’aveugle, tout doit être médité, tout doit être fondé sur de bons principes que la botanique peut seule donner.

Vos soins embrassent également, & les arbres fruitiers, & les arbres d’agrément, & les plantes potagères.

Les arbres fruitiers, abandonnés à eux-mêmes & sans culture, produisent tous des fruits & assez abondamment ; mais leur saveur naturellement exaltée, ne peut être que désagréable : la greffe & l’écussonage adoucissent la séve par une nouvelle modification. De sauvageon, l’arbre devient franc, & prodigue bientôt des fruits qui flattent autant le goût que l’odorat. Quelques arbres fruitiers n’exigent pas toujours de vous des soins aussi pressans & aussi multipliés ; formez-en vos vergers, embellissez-en les environs de votre demeure ; mais choisissez-leur toujours, & le meilleur terrain, & la meilleure exposition, si vous voulez être récompensés de vos premières peines. D’autres arbres fruitiers sollicitent vos regards journaliers ; leur fruit délicat peut se perfectionner sous vos mains. Ici, l’abondance & la qualité dépendent presqu’absolument de vous ; ne les éloignez donc pas de vos yeux, tapissez-en vos murs, formez-en des espaliers, plantez-les en arbres nains ; qu’une taille intelligente les