Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1782, tome 2.djvu/457

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terminées par un bouton ; mais aussi toutes, exceptées celles du pin & du sapin, (Fig. 17) en sont plus ou moins pourvues sur leur longueur.

Non-seulement les boutons varient par rapport à leur disposition relative, mais encore par rapport à la manière dont ils sont implantés dans la branche : tantôt ils s’écartent tellement de la branche qui les porte, qu’ils s’implantent presque perpendiculairement sur elle, tels sont ceux du lilas (Fig. 18) ; tantôt ils sont collés dans toute leur longueur sur la branche, comme dans le cornouiller (Fig. 19) ; quelquefois on remarque sur le même arbre, à la même branche, ces deux dispositions ; le fusain a les boutons de l’extrémité des branches collés comme le cornouiller, tandis que les boutons d’en bas en sont très-écartés. (Fig. 20)

La forme de chaque bouton ne varie pas moins ; les uns sont anguleux, courts & ronds, comme ceux de l’extrémité des branches du noyer (Fig. 21) ; d’autres sont longs & pointus, comme ceux du charme (Fig. 22) ; il y en a de velus, le viorme ; il y en a de lisses & d’unis, le cerisier, & de résineux, le tacamahaca ; le chêne a ses boutons très-petits, tandis que ceux du marronnier d’inde sont très-gros, &c. &c. &c.

On peut voir quelle grande variété règne dans cette production végétale ; cependant, la même espèce conserve toujours ses mêmes boutons, soit pour leur disposition relative, soit pour leur insertion, soit pour leur forme & leur figure ; rarement remarque-t-on des exceptions. On doit donc inférer de-là que la connoissance de cette partie de la botanique, est non-seulement intéressante, mais encore nécessaire à quiconque se livre à la culture des arbres. Comme les boutons s’annoncent une année d’avance, qu’ils croissent insensiblement en automne, & que dans l’hiver ils ont acquis une forme distincte & qui est propre à chaque espèce, cette connoissance des différentes formes, pourra être d’un très-grand secours pour distinguer les diverses espèces d’arbres dans une saison où ils sont dépourvu des fleurs & de fruits, & même, pour le plus grand nombre, dépouillés de leurs feuilles.

III. Accroissement & développement du bouton. Le bouton ne se forme pas tout d’un coup, la nature le prépare de très-loin, & pour parler plus exactement, elle y travaille sans cesse ; cette mère attentive veille continuellement à la nourriture & à l’accroissement de ce germe précieux. Dans le printems, quelque tems après que les feuilles se sont développées, on apperçoit à leur aisselle un point imperceptible, qui, examiné même au microscope, n’offre rien de confus. Les feuilles, (comme nous le démontrerons à ce mot) sont l’organe principal de la nourriture de la plante, & sur-tout de l’embryon qu’elles renferment à leur base. Ce sont elles qui sont chargées immédiatement du double soin de le protéger & de le nourrir. Cela est si vrai, que dans le courant de l’été, & avant que le bouton ait acquis une certaine vigueur, & que semblable à l’animal adulte, il puisse se passer de sa mère, on arrache la