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gnée d’herbe sur une demi-livre d’eau.


BRUYÈRE. Je ne décrirai point avec les botanistes les trente-huit à quarante espèces de bruyères que compte le chevalier von Linné, & soixante espèces suivant d’autres botanistes : ce seroit s’écarter de mon objet. Il ne s’agira dans cet article que de la bruyère ordinaire ; d’un côté aussi nuisible à l’agriculture, qu’elle lui est avantageuse de l’autre. M. Tournefort place cet arbrisseau dans la quatrième section de la vingtième classe, qui comprend les arbres & arbrisseaux à fleur d’une pièce, & dont le pistil devient un fruit à plusieurs capsules. Il l’appelle erica vulgaris glabra ; M. von Linné la nomme erica vulgaris, & la classe dans l’octandrie monogynie.

Fleur, d’une seule pièce, en forme de cloche, droite, renflée, divisée en quatre parties ; le calice composé de quatre folioles ovales, droites, colorées ; les étamines au nombre de huit & fourchues.

Fruit, capsule arrondie, plus petite que le calice, à quatre loges, à quatre valvules, renfermant des semences nombreuses & petites.

Feuilles, lisses, étroites, en fer de flèche, terminées en pointe.

Port. Arbrisseau qui s’élève à peine à la hauteur de deux pieds ; l’écorce rude, rougeâtre ; les fleurs naissent des aisselles, disposées en grappes à l’extrémité des tiges ; elles sont quelquefois blanches, purpurines pour l’ordinaire ; les feuilles sont opposées.

Lieu. Les terrains incultes & arides ; fleurit en Août, Septembre & Octobre.

Propriétés. Les fleurs & les feuilles sont apéritives & diurétiques.

Usages. On s’en sert en décoction ; & l’huile, tirée des fleurs, est, dit-on, utile dans les maladies cutanées ; ce qui demande confirmation.

Bruyère, se dit encore du terrain dans lequel cette plante croît & se multiplie souvent seule, & quelquefois mêlée des ronces, genêts & autres arbustes.

Tout terrain à bruyère est ordinairement sablonneux & ferrugineux ; telles sont les landes immenses entre Bayonne & Bordeaux, celles du Périgord noir, & depuis Anvers jusqu’au Mardick, &c. Il ne faut pas confondre le terrain à bruyère avec celui à fougère ; le dernier a du fond, beaucoup de terre végétale & peu de fer. Le peu de fertilité du sol à bruyère dépend-il de la quantité de fer qu’il a toujours contenu ? ou ce fer est-il le résultat de la végétation de la bruyère soutenue pendant des siècles consécutifs ? Ce qu’il y a de certain, c’est que la bruyère est une des plantes connues que l’on fait contenir le plus de fer. Ces grandes masses d’alios qu’on voit dans les landes de Bordeaux, & par couches & par blocs, ne seroient-elles pas des dépôts du fer produits par les bruyères, & ensuite accumulés en masse par les eaux ? Comment l’eau de la mer, qui a formé ces dépôts, auroit-elle pu rassembler ces sables ferrugineux uniquement dans les endroits où croît la bruyère, tandis qu’elle jette des sables sur des plages où la