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sept jusqu’à neuf livres par arpent. Dix ou quinze jours après avoir fait sarcler mes carottes, je fais passer la herse sur le semis, tant pour déplacer les mauvaises herbes que pour les empêcher de recroître, accident qui arriveroit vraisemblablement sans cela, sur-tout si le tems continuoit à être pluvieux. Bien loin que la herse endommage les jeunes plantes, elle leur fait beaucoup de bien, parce qu’elle leur procure de la terre fraîche, en même-tems qu’elle extermine les mauvaises herbes.

» Trois semaines après les avoir hersées, au cas que le champ ne soit pas bien net, qu’il y ait encore de mauvaises herbes je sarcle mes carottes une seconde fois, travail qui coûte environ trois livres & un peu plus, suivant que le champ est plus ou moins rempli de mauvaises herbes. Si, après cela, il en reste, ce qui peut aisément arriver si pendant le second sarclage il pleut souvent, je fais passer par-dessus une seconde fois la herse ; cependant j’ai remarqué plus d’une fois que lorsque le tems a été favorable, & que les ouvriers ont fait leur devoir, les carottes seulement sarclées & hersées une fois, ont été aussi nettes que celles que j’ai fait sarcler deux fois & herser à plusieurs reprises.

» Je dois actuellement donner le détail des succès obtenus en 1763, sur les différentes parties du terrain dont je viens de parler. Les carottes qui réussirent le mieux furent celles du champ de deux arpens & demi, qui avoient porté l’année précédente du froment ». Il est aisé de concevoir d’où provient la différence qui frappa M. Billing. Le froment n’avoit appauvri les sucs de la superficie du sol qu’à quelques pouces de profondeur, & la carotte, en pivotant, a profité de ceux de la couche inférieure, tandis que les raves & le trèfle avoient appauvri cette couche inférieure.

» Les carottes (continue M. Billing) tirées du champ de froment, avoient deux pieds de longueur, & depuis douze jusqu’à quatorze pouces de circonférence à la partie supérieure ». Suivant son calcul, il a recueilli sur les deux arpens & demi, vingt-deux à vingt-quatre chars par arpent, & en tout cinquante-cinq ou cinquante-six chars. Le demi-arpent semé auparavant en trèfle, produisit environ douze chars. Les six arpens & demi, fumés comme si on avoit voulu semer du froment, rendirent dix-huit à vingt-quatre chars par arpent. Enfin les quatre arpens non-fumés produisirent depuis douze jusqu’à quatorze chars par arpent.

» Je n’avois fait qu’une chétive récolte de raves dans l’année précédente, sur le champ de dix-sept arpens ; cependant chacun de ces arpens produisit seize à dix-huit chars. Je parle de quatorze arpens ; car les autres trois arpens ne donnèrent qu’une pauvre récolte : en sorte que je calcule avoir recueilli sur les dix-sept arpens, qui avoient porté auparavant des raves, environ deux cens soixante-dix chars de carottes, ce qui, joint aux premiers, forme un produit de cinq cens dix chars : or, je porte la valeur du produit total des carottes à près de mille chars de raves, ou à trois cens chars de foin, & c’est d’après l’expérience que je parle.

» J’ai trouvé que la meilleure mé-