Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1782, tome 2.djvu/647

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

ridionales ; cependant une petite couche de fumier de litière n’est pas à négliger, si on le peut. On aura, par ce moyen, du céleri bon à manger en Juillet & Août.

On sèmera en Mars dans les provinces qui avoisinent la Méditerranée, en Avril dans l’intérieur du royaume, & au commencement de Mai, & plutôt, si la saison le permet, dans celles du nord. Le tems de semer dépend des abris, (voyez ce mot) parce que des abris dépend la plus ou moins forte chaleur du climat. Le second semis réparera les pertes faites dans le premier, & les plants qui en proviendront, seront en état d’être liés au mois d’Août. On sème également en Mai en pleine terre. Cultivé ainsi que nous le dirons, il sera mangeable en Octobre. Le semis de Juin fournit les plants destinés pour l’hiver. Je ne conseille point ces deux derniers semis dans les provinces méridionales ; je n’y ai point vu cet usage établi, & je craindrois que la plante ne montât en graine ; c’est une expérience à tenter.

Le terrain destiné au semis doit être bien amendé, bien travaillé ; & si on peut se procurer du terreau, du fumier bien consommé, le mêler avec la terre, & le semis en sera plus beau.

III. De la manière de semer, & des soins à donner au semis. Presque tous les jardiniers ont la fureur de semer trop épais. Les plantes se pressent en grandissant ; elles s’allongent & s’effilent : c’est un vrai étiolement dont elles auront beaucoup de peine à se rétablir. On peut dire que du semis dépend dans la suite la perfection de la plante. Semez donc clair & très-clair, & vous vous éviterez la nécessité de replanter les jeunes céleris avant de les fixer à demeure. Toutes ces déplantations & replantations endommagent & mutilent les racines ; & il faut compter pour beaucoup le tems que la plante perd avant de reprendre, elle l’auroit bien mieux employé à son profit.

Si vous avez semé trop épais, il est de nécessité indispensable de repiquer le jeune plant ; mais grondez fortement votre jardinier de s’être mis dans ce cas.

La graine de céleri ne demande pas à être beaucoup recouverte, & le sol doit toujours être tenu passablement humide. Le céleri a été tiré des marais ; c’est donc une preuve qu’il aime l’eau : ainsi ne l’épargnez pas. À mesure que le céleri grossit dans la pépinière, éclaircissez souvent, & plus souvent encore sarclez, afin que les mauvaises herbes n’absorbent pas sa nourriture.

IV. Du tems & de la façon de replanter. Quelle est l’époque de cette opération ? Elle dépend de la manière dont la plante a végété dans la pépinière ; dès qu’elle sera assez forte, lorsqu’elle aura poussé la cinquième ou la sixième feuille, c’est l’époque de la transplantation ; & il est avantageux de la faire plutôt que plus tard. Avant de replanter, ouvrez une petite tranchée à une extrémité de la pépinière, mettez les racines à découvert, creusez au-dessous, de manière que la plante n’ayant plus de soutien, s’affaisse ; c’est la méthode la plus sûre pour ne pas endommager les racines. Plus la plante sera en racine, plus sa reprise sera prompte & sûre. Pour vous en convaincre, prenez un pied de céleri arraché par force, à la manière des jardiniers ; plantez-le à côté de