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brune, & ils sont moins forts : de ces boutons il sort trois ou quatre fleurs.

Le tronc & les branches sont en total moins forts, moins grands que ceux du premier merisier.

C’est avec le fruit de cet arbre qu’on prépare le ratafia de cerise, dont on parlera au Chapitre cinquième, ainsi que du marasquin & du kirschwaser.


Section II.

Des Guigniers de Paris, nommés Cerisiers en Province.


I. Guignier à fruit noir. (Voyez planche 24, n°. 1) Cerasus major hortensis fructu cordato, nigricante, carne tenerâ & aquosâ. Duh.

Les fleurs s’ouvrent peu ; les pétales creusés en cuilleron, arrondis & sillonnés dans l’extrémité supérieure, très-minces ; le calice se replie vers le péduncule, ses découpures sont très-profondes & sont terminées en pointe à leur sommet.

Le fruit est représenté de grandeur naturelle, il est exactement figuré en cœur ; le péduncule est implanté dans un enfoncement. En A, on voit le fruit coupé perpendiculairement, & en B, la forme de son noyau ; la peau du fruit est fine, d’une couleur brune, tirant sur le noir ; la chair & le suc sont ordinairement d’un rouge foncé lors de sa maturité. Le noyau B est adhérent à la chair, alors un peu mollasse, ce qui engage à le cueillir un peu avant cette époque.

Les feuilles sont presque ovales, allongées aux deux extrémités, plus étroites vers le pétiole ; les bords dentés en manière de scie, & les dentelures inégales ; leur couleur est d’un vert foncé par-dessus, & d’un vert clair en dessous. Les feuilles qui naissent des bourgeons sont un quart plus longues que celle des branches à fruits. On remarque ordinairement à la base de chaque feuille deux petites glandes opposées & séparées par le pétiole ; les feuilles sont pendantes.

Les bourgeons ont une écorce brune & ils sont assez gros ; les boutons le sont moins & plus longs.

Cet arbre s’élève moins que le merisier, ses branches sont plus chargées de feuilles, & sont plus touffues. Le tems de la maturité de son fruit est au mois de Mai ou de Juin suivant le climat.

Le guignier qu’on vient de décrire a produit une variété dont le fruit est également noir, mais plus petit & moins allongé ; sa chair est plus fade lors de sa maturité, & le noyau est blanc ; il mûrit à la même époque que le précédent.

Dans le territoire de Côte-Rôtie, près de Vienne, mais dans le Lyonnais, on cultive un guignier ou cerisier, qu’on devroit appeler hâtif, puisque c’est le premier pour la maturité au moins dans ces climats. Je regarde cette espèce comme beaucoup moins éloignée de son état primitif que les autres. La couleur de son fruit est d’un rouge tendre. Il est plus gros vers la queue qu’à son extrémité. On pourroit, absolument parlant, le comprendre à cause de sa forme, dans la famille des bigarreautiers, & sur-tout du no 3, mais sa chair n’est point dure, ferme & cassante. Elle renferme au contraire beaucoup d’eau légèrement sucrée & peu aromatisée. Il me paroît qu’on en doit faire une espèce à part.

II. Guignier à gros fruit blanc. Cerasus major hortensis fructu cordato, partim albo, partim