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des habitans de l’Irlande vit avec des pommes de terre. En Lorraine, en Franche-Comté, en Alsace, en Dauphiné, &c. la consommation est aussi étendue que celle des aubergines en Languedoc & en Provence. Il faut, il est vrai, une certaine intensité de chaleur pour lui donner le point de maturité qui lui convient.

Culture. Ceux qui se piquent d’avoir des aubergines de bonne heure, sèment en Février dans des vases dont la terre est bien préparée & légère ; quelques-uns enterrent ces vases dans le fumier. D’autres forment de petites couches avec du fumier sortant de l’écurie ; & après l’avoir battu, ils le laissent deux ou trois jours jeter son plus grand feu. On le recouvre ensuite de quatre pouces de terre très-fine ; on sème la graine ; on la recouvre d’un pouce de terre ; s’il survient des froids, quelque peu de paille suffit pour garantir les jeunes plantes de leur impression, parce que ces couches sont toujours disposées contre de bons abris. Il est plus prudent de semer en Mars sur des couches, ou dans des vases, ainsi qu’il vient d’être dit. Tenez les jeunes plantes bien sarclées & arrosées, suivant le besoin. Avant de replanter, il faut fumer copieusement le terrain destiné aux aubergines, & le travailler sur une profondeur de dix à douze pouces. Chaque plant sera espacé de quinze à dix-huit pouces, & disposé en échiquier ; les racines s’étendront plus à leur aise. Toute la culture ensuite se réduit à sarcler souvent, donner quelques labours, & arroser souvent.

On sème encore, ainsi qu’il a été dit, dans le mois d’Avril. Les fruits seront plus tardifs que les premiers, & on prolongera ses jouissances.

Choisissez les plus grosses aubergines, & les mieux nourries, pour la graine ; coupez le fruit, il pourrira & se desséchera. La graine se conservera mieux, enveloppée dans ses membranes, que si elle en avoit été séparée. Jetez dans l’eau ce fruit desséché, un ou deux jours avant de semer ; les graines se détacheront, & aidez avec la main leur séparation.

On peut, avant de préparer le fruit pour aliment, lorsqu’il est partagé en deux, le saupoudrer avec un peu de sel, & une heure ou deux après, le presser, afin de faire écouler une partie de son eau de végétation, & on ne craindra aucune indigestion. Je propose ce moyen, sur-tout pour les provinces septentrionales, qui veulent s’approprier les productions des pays méridionaux.

Si on est curieux de le conserver pour l’hiver, il faut cueillir les fruits dans leur demi-grosseur ; & après les avoir pelés, coupés en tranches, en détacher les graines, enfiler les tranches, les plonger dans l’eau bouillante ; ensuite les mettre sécher à l’ombre ou au soleil, & les garantir de l’humidité après l’opération. Quand on veut les manger, il suffit de les faire revenir dans l’eau tiède avant de les assaisonner. C’est une assez mauvaise préparation ; le fruit perd beaucoup de sa saveur.


AUBIER. Dans presque tous les arbres que l’on coupe horizontalement, l’on remarque une zone ou ceinture plus ou moins épaisse,