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la place de chaque arbre ; de cette première opération dépend la régularité de toutes les suivantes.

Il y a deux manières de planter une avenue, ou en ouvrant un fossé d’un bout à l’autre, & c’est la meilleure, ou en creusant des trous pour chaque arbre ; celle-ci est moins dispendieuse.

La profondeur des trous ou des fossés doit toujours être proportionnée à la force de l’arbre qu’ils doivent recevoir. Trois pieds de profondeur suffisent pour les arbres dont mal-à-propos le pivot a été coupé, & le moins qu’on puisse lui donner de largeur c’est quatre pieds. L’arbre profite mieux dans un trou quarré que dans un trou de forme ovale, parce qu’il y a plus de surface de terre remuée. C’est encore la raison pour laquelle les fossés sont préférables aux trous. Dans l’une & dans l’autre circonstance, on gagnera beaucoup à donner plus de largeur & plus de profondeur. Une parcimonie dans la dépense, à cette époque principale, nuit considérablement. Si par la suite on met en ligne de compte l’achat des arbres, les trous à faire pour remplacer les arbres morts, on verra qu’ils excéderont de beaucoup ceux qu’on a cherché à supprimer. Le mauvais travail coûte toujours trop, & ce qui en résulte est perpétuellement défectueux.

La manière de planter les arbres exige quelques attentions. Remplissez s’il est possible le fond des fossés ou des trous avec du gazon, & à leur défaut avec une terre nourrissante. Ménagez les racines, & ne permettez jamais de retrancher de leur longueur, sous le prétexte absurde de les rafraîchir, suivant la mauvaise coutume des jardiniers. Retranchez uniquement celles qui sont endommagées ; plus la fosse aura d’ouverture, mieux les racines seront disposées. La première terre qui aura été retirée de la fouille, ou telle autre meilleure, s’il est facile de s’en procurer, recouvrira les racines, & on aura grand soin de ne laisser aucun vide entre les racines & la terre. À cet effet, de tems en tems l’ouvrier tenant la tige de l’arbre, le soulevera par petites secousses, & la terre se tassera. Enfin on finira de remplir la fosse ou le trou avec la terre auparavant jetée sur leurs bords.

Mais à quelle profondeur faut-il enterrer l’arbre ? S’il l’est trop, il languira jusqu’à ce qu’il se soit formé de nouvelles racines vers la superficie de la terre, & l’arbre trop enterré est privé pendant long-tems de cette espèce de racines qu’on nomme aériennes, parce que leurs principales fonctions sont de pomper l’air atmosphérique. Cependant les arbres d’avenues exigent d’être plantés un peu plus profondément que les autres, toute circonstance égale d’ailleurs, parce que ces arbres s’élevent beaucoup plus que les arbres voisins, & étant isolés, sont plus battus du vent, des orages, & plus dans le cas d’être déracinés.

Il faut encore observer que toute terre remuée s’affaisse au moins d’un pouce par pied, il est donc nécessaire d’amonceler au pied de l’arbre une quantité de terre suffisante pour qu’elle égalise le terrain après l’affaissement. Si le terrain est naturellement sec, il vaut mieux laisser vide le petit bassin formé par le tassement ; il retient une plus grande quantité