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consiste à enfoncer des pointes dans les bois du cadre à chaque bout de la vitre, & de remplir la rainure avec du mastic de vitrier. Ce mastic est composé avec du blanc de céruse, passé au tamis de soie, & pétri avec de l’huile de lin ou de noix, ou de navette. Elle doit auparavant avoir été cuite, & rendue plus sécative par un nouet de litharge, suspendu au milieu de l’huile pendant la cuisson. Comme la céruse est fort pesante, & coûte beaucoup plus cher que la craie connue sous les noms de blanc de Troye, blanc d’Espagne, &c. les vitriers la substituent au blanc de céruse ; alors le mastic se gerce, s’écaille & se détache par lambeaux. Il ne faut pas oublier de garnir de mastic les deux endroits où se terminent les carreaux de vitre placés en recouvrement. Ce mastic produit deux effets : il empêche l’introduction de l’air extérieur dans l’intérieur ; & comme de l’intérieur il s’élève beaucoup d’humidité de la couche, cette vapeur se condense contre le verre, & s’insinue dans l’endroit du recouvrement, en occupe tout l’espace ; de sorte que si le froid est rigoureux, l’eau se glace, occupe un plus grand volume, & fait éclater la vitre la plus foible.

La seconde manière consiste, après que les vitres sont placées, clouées & mastiquées, de couvrir les bords du châssis avec des planches minces, de même largeur qu’eux, & de les retenir par des clous à vis. Cette précaution est assez inutile si les rainures sont bien faites & bien entretenues de mastic, suivant le besoin.

On doit soulever ces châssis de bas en haut. En bas est la manette E destinée à cet usage, & en D sont les éparres garnies de leur gond, ou de ferrures à charnières, qui facilitent le haussement ou l’abaissement.

Plusieurs personnes ne placent point de panneaux sur les côtés, & continuent le massif de la caisse jusqu’en haut, pour soutenir les châssis. L’expérience m’a prouvé leur utilité. Dès qu’il paroît un rayon de soleil, ou lorsque le temps est doux, on ouvre le petit châssis F ; on ouvre également celui qui lui correspond à la partie opposée, & ces deux ouvertures renouvellent l’air de la couche, & par le courant qui s’établit, entraînent les vapeurs humides.

On est dans la mauvaise habitude de placer ces caisses contre des murs. Il faut moins de bois il est vrai, mais on ne fait pas attention que la pierre est un très-bon conducteur de la chaleur, & par conséquent que celle que le mur absorbe est une privation pour la couche. Ceux qui entendent mieux leurs intérêts, plafonnent avec des planches le fond de la couche, parce que le bois est moins conducteur de la chaleur que la pierre, & l’effet de l’augmentation de cette petite dépense, dédommage amplement par une plus grande conservation de la chaleur. Veut-on se convaincre, par une expérience bien simple, de la différence des effets des conducteurs de la chaleur ? Supposons que le froid soit de cinq degrés. Placez à l’extérieur de votre appartement, par exemple sur la fenêtre, une planche. On ne disconviendra que la planche & la pierre qui, pendant plusieurs heures, auront été exposées à la rigueur du froid ne soient au même degré. Que l’on place actuellement une partie de la main sur la planche, & l’autre partie sur la pierre, &