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le laboureur doit l’attacher avec un autre cheval fait ; & pour peu d’adresse qu’il ait, il le dressera bientôt à la charrue, en lui apprenant ce que c’est que le dia ou le hurhaut. Il commencera à lui faire sentir plusieurs fois son fouet ; il l’intimidera plus dans la suite par le bruit que par les coups, & prendra garde de ne jamais le surcharger, ni de le trop pousser au travail ; ce seroit un vrai moyen de l’abattre, & de le rebuter.


Section XI.

Du temps de faire travailler les Poulains.


Le temps de faire travailler les poulains varie selon les différentes races. Les chevaux fins & de légère taille, ne sont ordinairement formés qu’à cinq ou six ans, tandis que les gros chevaux le sont à quatre. Si on les accoutume au travail avant ce temps, leurs membres ne peuvent point se fortifier, & contractent des défectuosités. Nous en avons des exemples dans les poulains élevés en bas Languedoc, où ils sont employés à fouler le blé, dès l’âge de deux ans. Ce genre de travail leur gâte tellement les pieds & les jambes, que ces animaux sont ruinés à l’âge de cinq ans.


CHAPITRE VI.

Des alimens solides propres au cheval, de leurs bonnes et mauvaises qualités, de leurs effets.


Nous comptons, parmi ces alimens, le foin, la paille, l’avoine, le son, l’orge en grain, la luzerne, le sainfoin, le trèfle & l’orge en vert. Nous allons traiter de chacun de ces alimens en particulier.


Section première.

Du Foin.


Le foin est la nourriture la plus universelle du cheval : il est plus ou moins bon, suivant le terrein qui le produit. La qualité de celui des bas prés est toujours plus inférieure à celle du foin cueilli dans les prés élevés. Celui qui est vasé, qui est semé ou mêlé de joncs, ne vaut rien ; celui qui est très-fin, très-délicat & très-substantiel, a un inconvénient : les chevaux, qui y ont été accoutumés, refusent tous autres foins qui leur sont présentés. On ne doit, au surplus, donner aux chevaux que le foin de la première récolte, le regain ne convenant qu’aux chevaux de vil prix. Le foin nouveau n’est bon, qu’autant qu’il a été renfermé trois ou quatre mois dans les fenils. Quand il n’a pas eu le temps de suer, il suscite, à raison de la fermentation dans l’estomac, de très-violentes maladies. Un foin trop vieux n’a plus de substance, ni de goût ; un foin trop court se dessèche trop promptement.

Les qualités du foin dépendent de celles des plantes qui lui sont associées. La pimprenelle des prés, les paquerettes, les chiendents, la sarriette, le tussilage, la scabieuse, le trèfle, le sainfoin, la pédiculaire, la grassette, &c., sont autant de plantes bienfaisantes & appétissantes. Un foin ainsi composé, & fauché dans sa juste maturité, forme pour le cheval une nourriture très-salutaire. Toutes les espèces de