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France, du moins dans les provinces, dans les campagnes, où il y a disette de foin, l’exemple des Allemands ? Ne seroit-ce pas un moyen de nourrir les chevaux avec plus d’économie ? En faisant hacher une très-légère quantité de foin avec la paille, & en formant, par ce moyen, un mélange admirable pour le bon entretien des chevaux, ces animaux montreroient-ils moins d’ardeur au travail, moins de vigueur, d’haleine & de légéreté ; & seroient-ils aussi sujets à la pousse, & aux autres maladies que l’excès du foin leur procure ?


Section. IV.

Du Son.


Le son n’est autre chose que l’écorce du blé écrasé par la meule. Il est d’un usage très-familier dans la médecine vétérinaire, & dans le régime qu’elle prescrit : il forme un aliment très-rafraîchissant, & d’une très-facile digestion. Nous le présentons au cheval sain ou malade, sec ou mouillé, selon les cas. Cette nourriture, seule avec le fourrage, ne suffit point au cheval de labourage. Il est important de s’assurer que cet aliment ne soit point vieux, & d’une odeur fétide & dégoûtante. Dans ce cas, le cheval le refuse, ainsi que l’eau blanche qu’on fait avec cet aliment. (Voyez Boisson)


Section. V.

De l’Orge en grain.


L’orge en grain sert aussi de nourriture : on doit préférer celui qui est pur, compacte, pesant & plein. Il faut rejeter celui qui est ridé, spongieux, léger & petit, & n’en faire usage que long-temps après la moisson, afin de donner à l’humeur visqueuse qu’il contient, le temps de s’atténuer ou de s’évaporer. Son écorce ou sa farine est, en quelque sorte, dénuée de la faculté de nourrir, & relâche au contraire le cheval. En Espagne, on en fait un des principaux alimens : sans doute que cette plante a d’autres propriétés dans ce royaume qu’en France, où sa paille n’est livrée qu’aux bœufs & aux vaches. Un françois, ne voulant admettre aucune distinction relative aux divers pays, en ce qui concerne les plantes, & s’obstinant à nourrir un beau cheval espagnol avec de l’orge, sous prétexte qu’il y étoit habitué, se trouva forcé d’y renoncer, après avoir vu son cheval attaqué d’une fourbure des plus violentes.

Le grain de froment produit la même maladie. Bien des gens de la campagne sont dans l’usage d’en donner tous les matins une jointée, avant de faire boire des chevaux dont l’estomac est affoibli : donné de cette manière, l’usage ne doit pas en être condamné. Dans ce cas, un mêlange de féverolles n’est pas moins efficace. Quant au grain de seigle, on l’emploie plutôt comme médicament, que comme aliment, & la paille de cette espèce de blé est consommée pour la litière.


Section. VI.

De la Luzerne.


La luzerne sert encore à la nourriture du cheval, donnée en vert, seule, sans mêlange, sans discrétion, avant l’épanouissement des boutons