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du flanc, le ternissement du poil, le flageollement des jambes, leur courbure en forme d’arc, l’éloignement de tout aplomb, la foiblesse de leurs articulations ; la lenteur, la molesse, & la difficulté de leur action.


Section II.

Du Repos.


Le repos est le remède à la lassitude : lorsqu’il est trop long, il préjudicie absolument au cheval, parce qu’une cessation perpétuelle des mouvemens, & un régime absolument oisif & sédentaire, rendent les fibres musculeuses inhabiles à toute action, épaississent la masse, ralentissent le cours de toutes les humeurs, les pervertissent, les condensent, & produisent, en un mot, tous les effets diamétralement contraires aux effets salutaires d’un exercice modéré : aussi voyons-nous que des chevaux, pour ainsi dire, abandonnés dans des écuries, sont affectés de plusieurs maux, tels que le refroidissement d’épaule, l’enflure des jambes, l’obésité, le gras-fondu, la fourbure, & diverses maladies cutanées. (Voyez chacun de ces mots)


Section III.

Du Sommeil.


Le sommeil est encore plus propre à la réparation des forces que le repos. Un sommeil inquiet & troublé, tel que celui pendant lequel le cheval, même en santé, rêve, s’agite & hennit, n’est point aussi confortatif, & même le fatigue souvent, au lieu de le délasser. Mais celui qui est doux & paisible, lui rend sa vigueur & son agilité ; il dispose, de nouveau, toutes les parties à l’exercice de leurs fonctions, favorise la digestion, la transpiration & la nutrition.

Le cheval, de sa nature, ne dort pas si long-temps que l’homme : quatre heures de sommeil suffisent ordinairement à certains. Il en est plusieurs auxquels il en faut moins ; les uns dorment couchés, & les autres communément debout. Si le sommeil de l’homme a plus de durée que celui du cheval, nous devons remarquer aussi que les instans que l’homme emploie à dormir, sont employés par le cheval à manger, & à se renforcer d’une autre manière. Le moment du réveil est marqué, dans tous les deux, par les mêmes actions, par le bâillement & par l’extension des membres, dont la langueur des fibres exige que l’animal y rappelle les esprits, & y accélère machinalement le cours du sang, au moyen des différentes contractions répétées.


Section IV.

De la durée de sa vie.


La durée de la vie commune du cheval est de dix-huit ou vingt ans. Il en est qui outre-passent ce terme, & qui vivent jusqu’à vingt-cinq ou trente ans ; mais le nombre en est médiocre. On a observé que les chevaux nourris dans des écuries, vivent beaucoup moins que ceux qui sont en troupeaux. L’état d’esclavage & de domesticité est bien fait pour opérer quelque différence ; il seroit essentiel d’observer & d’examiner si le terme de dix-huit ou vingt ans, que nous lui assignons, est plus long ou plus court dans les pays élevés, où communément les hommes