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pendant l’été, il est prudent d’attendre que l’ardeur du soleil ait dissipé toute humidité. Le moment venu, d’une main on relève toutes les feuilles pour les presque réunir, sans trop les serrer ; & de l’autre, on passe un lien de paille humide, ou de jonc, autour du bas des feuilles de la plante, & on assujettit ce lien, de manière qu’elle ait la forme d’un cône peu évasé par le haut. Huit jours après, on en place un second dans le milieu de la hauteur, moins scellé que le premier. Pendant l’intervalle de la mise de ces deux liens, les feuilles du centre se sont alongées, & sont de la grandeur des feuilles extérieures. Si ce second lien est trop serré, la plante crèvera par le côté. Si l’espèce est d’une grande venue, elle exigera un troisième lien, qui réunira la partie supérieure des feuilles, de manière que la pluie ne puisse pénétrer dans le cœur. Si on se contente de deux liens, il faut avoir la même précaution que pour ce troisième. Suivant la chaleur de la saison, le blanchîment est plus précoce, & il a lieu de dix à quinze jours dans les pays méridionaux, & il lui faut près de trois semaines dans ceux du nord. Si, pendant cette époque, la chaleur est vive & soutenue, on arrosera, mais de manière que l’eau ne pénètre pas dans l’intérieur des feuilles.

Si on veut accélérer le blanchîment d’été, il y a encore deux manières, très-casuelles à la vérité. La première consiste à lier la plante, lorsqu’elle est chargée de la rosée, avant, ou peu après le lever du soleil, & la seconde, d’entourer le pied lié avec du fumier de litière. Souvent la plante s’approprie le goût & l’odeur de fumier ; &, suivant l’autre méthode, elle est très-sujette à pourrir.

Du blanchîment d’hiver. Le soleil n’ayant plus la même activité, l’atmosphère étant moins échauffée, la végétation est aussi plus foible & plus languissante ; il faut donc recourir à des moyens plus énergiques. On lie chaque pied, ainsi qu’il a été dit ci-dessus ; & commençant par la tête de la planche ou du carreau, on ouvre une petite fosse au pied des plantes, dans laquelle on les couche l’une après l’autre, sans les arracher. La terre de la fosse pour le second rang, sert à recouvrir les plantes enterrées dans le premier, & ainsi de suite pour tous les autres rangs. Les soins à avoir, sont de les coucher horizontalement, & de laisser l’extrémité du fanage sortir un peu de terre, à moins qu’on ne soit dans le cas de vendre dans les marchés. Il ne faut enterrer que suivant la consommation qu’on doit en faire. Le temps nécessaire à ce blanchîment dépend de la constitution de l’atmosphère. Moins il est froid, plus prompt est le blanchîment.

Manière de conserver les Chicorées pendant l’hiver. Le plus grand point est de les garantir des effets des premières gelées, en les couvrant avec de la paille longue ; ou enfin des grandes pluies, avec des paillassons soutenus sur un plan incliné, que l’on enlève & l’on remet, suivant les circonstances.

La seconde méthode, qui doit être employée le plus tard qu’on le peut, est de les transplanter dans un lieu à l’abri du froid, c’est-à-dire, dans des endroits couverts, qu’on nomme jardin d’hiver, & qui ne soit ni trop