Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 3.djvu/324

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jette. On a attention aussi que le pied soit enterré jusqu’aux premières feuilles, en observant de même de ne les mouiller que fort légèrement, ou point du tout, & de les abandonner pendant quinze jours.

» Quand ils sont bien repris, on commence alors à les mouiller de deux en deux jours ; mais dès que le mois de mai arrive, il faut les mouiller amplement, & régulièrement de deux en deux jours, à moins qu’il ne tombe de grandes pluies ; car les petites ne doivent pas en dispenser. La bonne dose est d’en mettre une cruchée ou arrosoir pour trois pieds, & il faut la jeter par la pomme, & non pas par la gueule de l’arrosoir, comme font beaucoup de jardiniers, afin que les feuilles profitent de ce rafraîchissement, aussi-bien que le pied ; & que si elles ont reçu quelques mauvaises influences de l’air, cette eau les puisse laver, & empêcher d’éclore les mauvaises semences d’insectes, que les brouillards, ou autres intempéries y apportent. Le puceron, le tiquet, les chenilles sont leurs grands ennemis. »

Sur ce dernier point, je ne suis pas de l’avis de M. Descombes : les brouillards, les intempéries de l’air peuvent nuire aux choux, en agissant mécaniquement sur eux ; mais il est bien démontré qu’ils n’apportent aucun insecte, ni les germes de ces insectes ; que l’irrigation sur les feuilles ne sauroit les détruire, puisque les insectes, toujours prévoyans, placent les œufs sous les feuilles, & jamais par-dessus : dès-lors ils sont à l’abri des effets de l’eau des arrosemens, & de celle des pluies les plus abondantes. Dans toutes les provinces du Royaume, où l’on arrose par irrigation, il est impossible que le petit ruisseau qui passe au pied des plantes, puisse en arroser les feuilles ; cependant elles sont infiniment moins arrosées par la pluie, que dans les provinces du nord, puisque, dans celles du midi, il y pleut rarement, & que souvent, pendant l’été, il s’écoule plus de trois mois avant qu’il tombe une seule goutte de pluie ; cependant les choux fleurs de toute espèce y sont de beaucoup plus volumineux que sous les climats pluvieux du nord de la France, & n’y sont pas plus attaqués par les insectes que les autres. Il ne faut donc point attribuer aux brouillards, ni aux influences de l’air, la génération des insectes ; ils ont leur père & leur mère, comme l’homme, les chevaux, &c. ont les leurs ; & les papillons même, qu’on appelle papillons des choux, sont nés sur le lieu, ou dans un voisinage peu éloigné. Reprenons la description de M. Descombes.

« Quand les choux commencent à grossir, il faut leur faire un petit bassin au pied, qui retienne l’eau ; & si c’est en terre grasse, un peu de grand fumier au pied leur est très-avantageux ; il conserve la fraîcheur, & empêche la terre de se durcir.

» Leur pomme se trouve bonne à couper au mois de juin, si la saison a été favorable. »

Voici encore une très-bonne observation de M. Descombes : « Si on en trouve une grande quantité qui pomme à la fois, & plus qu’on en peut consommer, il faut arracher