de la pépinière ; mais cette enveloppe cendrée, qui recouvre les feuilles, empêche la transpiration de la plante, & elle languit & souffre jusqu’à ce que le vent ou la pluie l’ait enlevée. Le remède est pire que le mal.
La punaise des jardins, dont le corcelet & les étuis sont rouges, marqués de points noirs, est encore l’ennemi des pépinières ; les plus grands arrosemens les dérangent, les incommodent, & ne sauroient les détruire.
Les limaces sans coquilles, & les limaçons à coquilles, sont à craindre s’ils sont multipliés. La surface du terrein garnie de sable fin, ou cendres sèches, autant de fois qu’il est besoin, les empêchent d’y pénétrer ; parce que la partie de ces animaux, chargée d’une bave épaisse, se couvre de leurs petits grains, ils forment un mastic avec la bave, & ce mastic les empêche de marcher.
L’ennemi le plus terrible des choux, soit en pépinière, soit plantés à demeure, est la chenille. Les choux ont deux espèces de chenilles qui leur sont affectées, ou ptutôt la nature semble avoir destiné les choux à la nourriture de ces deux espèces de chenilles. Nous nous plaignons des dégâts qu’elles leur causent : n’auroient-elles pas plus de droit de se plaindre de l’homme qui les écrase ? La première doit son être au grand papillon blanc du chou : sa couleur est blanche, avec quelque différence, survant le sexe. Le mâle est blanc en dessus ; il a le bout des ailes supérieures noir ; deux taches noires sur les mêmes ailes, & une troisième petite tache au bord intérieur de l’aile. La femelle n’est pas parée de ces points noirs ; elle a seulement le bout des ailes noir. Le dessous des ailes du mâle & de la femelle sont nuancés d’un jaune pâle, ou de couleur de soufre. Après l’accouplement, la femelle voltige sur les feuilles de chou, ne touche point la partie supérieure, & dépose sur l’inférieure ses œufs. Chaque fois qu’elle les touche, on est assuré d’y trouver un œuf. L’œil suit avec peine les mouvemens du papillon ; & dans moins d’une heure, les œufs y sont par centaines. L’œuf, à l’abri du soleil, de la pluie, des frimats, ne tarde pas à éclore, & il sort en chenille, dont on ne connoît la présence que par ses ravages.
Lorsqu’on a semé une pépinière en sillons, il est aisé de suivre chaque plante l’une après l’autre, & de détruire les œufs. Il faut de grand matin, & avant que le soleil se soit beaucoup élevé sur l’horizon, visiter le dessous de chaque feuille, & on y trouve les chenilles amoncelées les unes près des autres, afin de se garantir de la fraîcheur du matin ; alors avec un morceau de bois, ou telle autre chose, on les écrase contre la feuille, sans l’endommager, ou bien, avec ce même morceau de bois, on les détache & on les fait tomber dans un vase plein d’eau fraîche, d’où on les tire ensuite, soit pour les écraser, soit pour les jeter au feu.
Le jardinier prudent n’attend pas, pour visiter ses pépinières, que les œufs soient éclos, il devance cette époque ; & dès qu’il s’apperçoit que les papillons commencent à voltiger, il recherche les feuilles, & écrase les œufs. C’est une opération tout au plus d’une heure par semaine, quelque grande que soit la pépinière, parce que tous les plants sont rapprochés.