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l’écraser en frottant, ou contre la feuille, ou contre les côtes.

Je ne parlerai pas ici de la courtillière ou taupe-grillon, elle n’est pas l’ennemi plus décidé des choux que des autres plantes d’un jardin. (Voyez le mot Courtillière)

On a proposé divers expédiens pour détruire ces insectes ; je vais les rapporter ici sans en garantir aucun. J’emprunte ce que je vais dire, du Dictionnaire Économique. Je n’ai fait aucune expérience à ce sujet.

I. Contre le gibier. Prenez pour un arpent de terre, une once d’assa-fœtida, tel qu’on le vend dans les boutiques. Mettez-le dans un petit pot rempli de jus de fumier, & faites bouillir le tout jusqu’à ce que l’asa-fœtida soit entièrement dissous. Transvasez ensuite cette matière dans un baquet, ajoutez-y une ou deux pintes de jus de fumier : remuez bien le tout avec un morceau de bois, & le faites porter dans le champ que vous voudrez planter. Vous aurez avec vous une personne qui prendra, avec ses deux mains, autant de plantes qu’elle en pourra empoigner, & les trempera dans la matière préparée, en sorte que chaque plante en soit exactement mouillée. Cela fait, elle les mettra par terre, par tas, & répandra un peu de terre légère sur les racines. Elle distribuera ensuite ces plantes mouillées, pour les planter sur le champ dans les trous. On pressera la terre contre les plantes, avec un morceau de bois consacré à cet usage ; & le gibier s’enfuira.

Que je plains de bon cœur, le propriétaire dont les productions sont dévorées par l’énorme quantité de gibier qui couvre tous les champs des environs de la capitale, & à plusieurs lieues à la ronde ; mais encore quel gibier !

Il seroit à désirer que la méthode proposée produisît son effet. Il pleut souvent dans les environs de Paris, les pluies auront bientôt dissipé la mauvaise odeur. Malgré cela, on doit craindre que le chou ne contracte l’odeur désagréable de l’assa-fœtida. On sait que le souci communique son goût & son odeur au vin, que l’aristoloche a le même défaut, pour peu que ces plantes soient multipliées dans une vigne : à plus forte raison l’assa-fœtida doit agir sur le chou.

II. Contre les chenilles & autres insectes. i°. Ensemencez de chanvre tout le bord du terrein dans lequel vous voulez planter des choux. Quand même, dit-on, tout le voisinage seroit infecté de chenilles, il ne s’en trouve pas une seule dans l’espace enfermé par le chanvre.

C’est donc l’odeur du chanvre qui fait fuir les chenilles ? mais le chanvre est mûr dans le mois d’août : si on le laisse sur pied, il n’aura plus d’odeur en septembre ; & pour peu que l’automne soit chaud, les choux seront exposés à la voracité des chenilles.

2°. Les chenilles, limaces & pucerons détruisent les jeunes choux. On prétend qu’il est possible d’y remédier par la composition suivante. Prenez un seau d’eau de fumier : mettez-y pour six deniers d’assa-fœtida, pour trois deniers de guède, pour trois deniers d’ail, pour autant de baies de laurier concassées ; une poignée de feuilles de sureau, & une poignée de carline. Laissez infuser le tout pendant trois fois vingt-quatre heures. Quand vous voudrez vous servir de cette