Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 3.djvu/37

La bibliothèque libre.
Aller à la navigation Aller à la recherche
Cette page a été validée par deux contributeurs.

très-contagieux, le premier soin est de s’occuper d’abord d’administrer aux animaux sains, les remèdes préservatifs. Dans cette intention, la saignée à la veine jugulaire est indiquée. Cette opération doit être suivie des lotions fréquentes à la langue, de boissons acidules nitrées & de parfums. Ces lotions consistent dans du vinaigre, du poivre, du sel, de l’assa-fœtida concassé, dont on frotte la langue & toutes les parties de la bouche. Quelquefois il est bon d’ajouter à chaque lotion, une demi-once de sel ammoniac, suivant les circonstances. Les boissons doivent être de l’eau blanchie, suivant la méthode que nous avons prescrite (Voyez Boisson), à laquelle on ajoute une once de cristal minéral, & du fort vinaigre, jusqu’à une certaine acidité. Les parfums ne sont autre chose, que l’évaporation du vinaigre sur des charbons ardens, dans les écuries, ou bien de trois poignées de baies de genièvre macérées dans le vinaigre, & exposées sur un réchaud.

Dans les lieux où la contagion est extrême, les breuvages composés de deux poignées de rue infusées dans demi-pinte de bon vin, auquel il faut ajouter quelques gousses d’ail, des baies de génièvre, & trois drachmes de camphre pour chaque breuvage, ne doivent point être oubliés.

Quant aux animaux malades, le traitement est différent ; la saignée est proscrite ; les mêmes parfums sont indiqués : & en ce qui concerne le charbon, nous croyons qu’il est préférable & plus sûr de l’emporter avec le bistouri ou des ciseaux, que de le ratisser simplement, ainsi qu’on le pratique ordinairement. La tumeur emportée, on étuve cinq à six fois par jour, la partie & la langue entière, avec de la teinture de myrrhe ou d’aloës, ou avec de l’eau-de-vie chargée de sel ammoniac & de camphre, à la dose de demi-once de l’un & de l’autre, sur demi-livre de cette même eau. Le camphre s’y dissout insensiblement, en triturant peu à peu dans un mortier, & en augmentant la dose d’eau-de-vie, à mesure que la dissolution se fait. Du reste, des lotions faites avec le vinaigre, dans lequel on a délayé de la thériaque, & ajouté un peu d’eau-de-vie camphrée, sont aussi très-bien indiquées. Il est même nécessaire d’en faire avaler à l’animal un demi-verre chaque fois qu’on le panse, car nous ne saurions nous persuader que, dans la circonstance d’une maladie dont les effets sont si rapides & si cruels, puisque la langue des animaux peut être rongée & tombée en moins de vingt-quatre heures, il suffise de la traiter par des remèdes extérieurs : aussi trouvons-nous à propos de prescrire des breuvages à donner à l’animal, dans le cours de la maladie, lesquels consistent à prendre deux onces de racine d’angélique, de la faire bouillir dans deux livres de bon vinaigre, jusqu’à diminution d’un tiers, d’ajouter à la colature deux onces de thériaque, de partager ce breuvage en deux doses, dont une est donnée le matin à jeun, & l’autre le soir, ayant soin de bien couvrir les malades pendant l’effet du remède : par ce moyen, on n’a point à redouter que le mal ait des retours, quelquefois d’autant plus funestes qu’il se présente ensuite sur d’autres parties, & sous