Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 3.djvu/464

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de terre & communes du ban ou terroir, & relativement à la qualité du sol. Ce n’est point effectivement par le nombre des feux de chaque village, que la population doit être évaluée, mais par le nombre des habitans, dans une quantité quelconque d’arpens de terre, qui soit d’une même nature ; c’est-à-dire, que si, dans un sol égal, un village possède deux mille arpens de terre, toute en culture, & qui n’a point de communes, contient cent ménages, & qu’un autre village, qui possède la même quantité de terre, mais dont un tiers est en communes, n’en contienne que soixante-dix, il est au moins vraisemblable que la possession en communes est moins favorable à la population, que la culture. Si le premier de ces villages n’a que douze ménages non imposés à la taille, pour cause de pauvreté, & que le second en ait quinze, les communes paroîtront préjudiciables à la subsistance des habitans. Enfin, si cette même première paroisse nourrit un plus grand nombre de bestiaux, ou seulement un nombre égal, on pourra penser que leur nourriture & leur multiplication ne sont point favorisées par les communes.

» C’est par des états, au vrai, des variations survenues, pendant un espace de quarante ans, dans un nombre égal de communautés, dont les unes ont des biens communs, & les autres n’en ont pas, soit dans leur population, soit dans leurs facultés, soit enfin dans la quantité de bestiaux ; c’est par des dénombremens exacts du nombre des laboureurs, des manœuvres, des arpens de terre en culture, & des arpens de terre en communes ; enfin, c’est par une distinction des bestiaux nourris par les laboureurs, & de ceux que nourrissent les simples particuliers, que l’on a cru pourvoir parvenir à la vérité : mais l’on se contentera de présenter ici un de ces états de chaque espèce, & seulement pour prouver qu’on y a donné la plus grande attention. Tous ces calculs ont été extraits sur les rôles des tailles, dans les lieux mêmes, & sur ceux des répartitions des charges des communautés : ces exemples sont pris dans la généralité de Soissons.

» L’élection de Clermont en Beauvoisis, contient cent deux communautés, dont cinquante-cinq possèdent des biens communs, & quarante-sept, qui n’en ont pas. Pour se procurer un tableau de comparaison des variations que les unes & les autres ont éprouvées depuis 1728, tant en nombre d’habitans, qu’en facultés, seul moyen de connoître de calculer les effets des biens communs, dans leur état actuel, on divisera en trois classes chacune de ces deux espèces de communautés. La première comprendra celles qui, pendant les quarante années, écoulées depuis 1728, sont augmentées en nombre de feux ; la seconde, celles qui sont restées au même nombre de feux ; la troisième, celles où ce nombre est diminué : & la différence des résultats fera voir que ceux qui ont critiqué le projet de partager les communes, n’ont ni assez approfondi, ni assez discuté les avantages & les inconvéniens de cette opération. Affectés des clameurs de deux ou