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les inconvéniens qui résultent de l’usage des corps de baleine.

Les corps nuisent premièrement à la poitrine, en ce que leur forme est opposée à celle de la poitrine : cette cavité représente une hotte renversée, dont la pointe est en haut & l’ouverture en bas : or, les corps sont larges par le haut & étroits par le bas ; d’où il suit qu’ils ne sont pas moulés sur la forme de la poitrine, & que serrant la poitrine par le bas, ils nuisent à la respiration. Il est prouvé, par l’expérience, que les femmes qui continuent l’usage des corps pendant leur grossesse, pour conserver ce que l’on appelle les belles tailles, donnent le jour à des enfans sujets à la charte.

Le philosophe de nos jours, que nous avons cité au commencement de cet article, compare, avec raison, les tailles que se font nos femmes avec leur corps de baleine, à des guêpes.

Il existe encore d’autres incommodités, qui sont les suites de l’usage des corps ; les hanches des femmes, que la nature a formé très-évasées pour contenir le fruit précieux du mariage, sont écrasées & rentrées en dedans ; & il n’est pas rare de voir ces femmes délicates par la déformité de la poitrine, ne pouvoir conduire à terme leur grossesse, & risquer leur vie dans les travaux de l’accouchement.

L’estomac, toujours comprimé par les corps, est gêné dans la fonction intéressante de la digestion : de-là naissent les maux de nerfs, si communs dans les grandes villes, & toutes les maladies qui tirent leur source dans la dépravation des sucs de la digestion.

Nous nous sommes un peu étendus sur cet article, non pas que l’usage des corps soit admis généralement dans les campagnes, mais pour désabuser ceux qui veulent admettre les modes des villes, & pour engager ceux qui sont assez sages pour suivre la nature, à n’écouter jamais que la voix de cette mère prévoyante ; ils ne donneront pas, il est vrai, à leurs filles, des tailles fines & élégantes, mais ils leur procureront une bonne & solide santé, capable de soutenir les travaux de la maternité ; & aux yeux des sages & des amateurs de la belle nature, les belles formes l’emporteront sur les tailles élancées & factices des villes. M B.


CORROSIF. On donne ce nom à tous les corps capables de ronger, de corroder, de consumer les parties, au moyen des molécules salines, âcres ou acides, dont ils sont pourvus ; tels sont la pierre infernale, la pierre à cautère, &c. ce sont de vrais caustiques. Les humeurs qui découlent des chancres, des cancers, de certaines plaies, sont corrosives, puisqu’elles consument les chairs ; il en est de même dans les arbres. Un mûrier, par exemple, auquel on supprime de très-grosses branches pendant la sève du mois d’août, laisse échapper, par les bords de la plaie, une sève qui devient âcre, les noircit, & souvent les corrode ; le bois se trouvant à nu, pourrit, & la carie le gagne insensiblement. La gomme produit le même effet sur les arbres à noyaux, dès que les jardiniers la laissent séjourner.


CORYMBE. C’est un composé de fleurs, rassemblées en bouquet