Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 3.djvu/533

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les fibres ligneuses, les vaisseaux propres & aériens, & les utricules ont été formés d’une substance plus nourrie, & par conséquent plus épaisse ; ou, ce qui reviendroit encore au même, cette couche qui, à l’œil simple paroît unique, à la loupe, paroît composée elle-même de plusieurs autres plus petites, auroit été formée, cette année, d’un beaucoup plus grand nombre, que celle qui a été produite dans une année plus sèche ou moins favorable à la végétation.

La réponse à la seconde question est aussi facile à concevoir. En général, les couches qui avoisinent la moelle, sont plus minces que les autres, & l’on observe une dégradation marquée depuis l’écorce jusqu’à la moelle. À mesure que les couches D, C, B, Fig. 3, ont été formées, elles ont pressé du côté du centre, & la couche E a supporté tous leurs efforts réunis ; la première année, celui de la couche D seule ; la seconde, celui de la couche C & de la couche D ; la troisième, celui des trois couches, & ainsi de suite. D’après cela, on conçoit que le diamètre des couches intérieures doit diminuer en raison de l’augmentation en nombre des couches extérieures. Bien plus, à mesure que l’arbre vieillit, & que le bois durcit, les couches ligneuses se dessèchent, & perdent, par la transpiration, la lymphe & les sucs qu’elles contenoient. La compression perpétuelle qu’elles éprouvent, hâte encore cette dessiccation ; les parties succulentes sont toujours à l’extérieur ; & plus les arbres sont vieux, plus leur cœur, ou l’intérieur, est dur & serré.

§. II. Origine & formation des Couches ligneuses.

En coupant à différens âges, des arbres, ou simplement leurs branches, on remarqua d’abord, que plus les arbres étoient jeunes, & moins le nombre des couches étoit considérable, & qu’il augmentait en proportion de l’augmentation de l’arbre en grosseur : on en a conclu avec raison, que cet accroissement étoit dû à la production des nouvelles couches, tant corticales que ligneuses. Mais quelle étoit la cause productrice de ces mêmes couches, & d’où tiroient-elles leur origine ? Voilà ce qui a embarrassé tous ceux qui ont voulu suivre la nature dans ses opérations. Plusieurs savans ont imaginé des systêmes où le plus souvent ils ont développé leurs idées, sans rencontrer le secret de la nature. Comme tous renferment de très-bonnes observations de physiologie végétale, nous allons parcourir les principaux en les analysant. Ils se réduisent à cinq, celui de Malpighi, celui de Grew, celui de M. Hales, celui de M. le Chevalier de Mustel, & le sentiment commun. Que l’on ne perde pas de vue, pour bien entendre l’exposition de ces différens sentimens, que l’écorce A Figure 3, est composée du côté du bois, dans la partie qui touche l’aubier B, du liber M, formé lui-même par des feuillets très-minces ; & que c’est entre A & B, au partage M, que se produisent les nouvelles couches ligneuses.

I. Sentiment de Malpighi. Pour bien entendre ce sentiment, il faut remarquer, que l’écorce du côté du bois est formée de plusieurs petits feuillets extrêmement minces, auxquels