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CHARRIOT. (Voyez Voiture)


CHARME, CHARMILLE. Tant que l’arbre reste forestier, on l’appelle charme ; & charmille lorsqu’il est élevé en palissade. M. Tournefort le place dans la première section de la dix-neuvième classe, qui comprend les arbres & les arbrisseaux à fleurs à chatons séparés sur le même pied, & dont le fruit est une semence osseuse ; & il le nomme, d’après Bauhin, ostrya ulmo similis, fructu in umbilicis foliaceis. M. von Linné le classe dans la monœcie poliandrie ; & l’appelle carpinus betulus. Cet arbre est commun aux deux hémisphères ; on le trouve également en Europe & au Canada.

Fleurs, mâles, séparées des fleurs femelles, mais sur le même pied ; les fleurs mâles attachées sur un filet commun, en forme de chatons, & ces chatons sont composés d’écailles qui recouvrent les étamines fort courtes, souvent au nombre de vingt & plus. Les fleurs femelles sont placées comme sur un épi écailleux, & sous chaque écaille paroît le pistil divisé en deux.

Fruit ; espèce de noyau ovale anguleux, dans lequel est une amande.

Feuilles, ovales terminées en pointes, dentelées sur les bords, plissées avant leur développement, d’un vert foncé en dessus, & d’un vert blanchâtre, légérement cotonneux, en dessous. Elles ne tombent qu’au printemps, quoiqu’elles soient sèches depuis les premières gelées.

Racine, brune, ligneuse.

Port. Sa hauteur le met au second rang des arbres de nos forêts ; son tronc est rarement bien arrondi ; son écorce est unie, blanchâtre & marbrée ; son bois est excellent à brûler, & attendu sa dureté, les ouvriers s’en servent pour faire des masses, des maillets, des manches d’outils, &c. Dans la fabrique à poudre de Berne, & qui est si estimée, on se sert par préférence du charbon de charme.

Lieu. Les grandes forêts.

De ses espèces. On en compte plusieurs espèces ou variétés. La première est le charme, dont les écailles des chatons sont planes, & c’est l’arbre qu’on vient de décrire.

La seconde, dont les écailles des chatons sont enflées. Elle quitte ses feuilles avant l’hiver, & croît plus vite que la précédente.

La troisième, le charme à feuilles ovales, dentelées & en forme de fer de lance ; ses chatons sont courts. Il ne s’élève guère au-dessus de dix à douze pieds.

La quatrième, le charme à feuilles en forme de lance, terminées en pointes, & à très-longs chatons. Son bois est plus dur que celui des deux seconds, & aussi dur que celui du premier.

De sa multiplication. Aucun arbre ne se prête plus facilement aux fantaisies des décorateurs des jardins, soit pour former des palissades, des haies, des portiques de colonnades ; en un mot, toutes les décorations en verdure. Il supporte la tonte en été comme en hiver ; enfin, sous les mains exercées d’un jardinier, il prend toutes les formes qu’on veut lui donner.

La nature prend soin de son éducation dans nos forêts ; la graine qui tombe après sa maturité, le reproduit ; & c’est de ces semis naturels qu’on tire, pour l’ordinaire, les