Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 3.djvu/694

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il faut envelopper cette partie d’un cataplasme émollient, fait de feuilles de mauve, de pariétaire, de bouillon blanc, &c. qu’on arrosera de temps en temps avec la décoction de ces mêmes plantes, & qu’on aura soin de renouveler de quatre en quatre heures, jusqu’à ce que la corne paroisse reprendre son ancienne humidité. Les huiles, les onguens, les graisses, que le laboureur a coutume d’employer dans ce cas, ne remplissent jamais l’objet désiré, en ce que ces substances ne peuvent point pénétrer dans les dernières couches de la corne, & qu’elles ne tendent qu’à en lubréfier la surface. Pour être convaincu de ce fait, on n’a qu’à jeter les yeux sur les chevaux qui habitent les terreins bas, humides & marécageux, & on verra qu’ils ont la corne molle, & non desséchée, tandis que, dans ceux qui vivent dans les pays élevés & dans les pays chauds, les pieds sont sujets au desséchement, aux seimes, & à tant d’autres accidens, malgré l’usage fréquent des huiles, des graines & des onguens que l’on emploie pour s’y opposer. Outre les cataplasmes émolliens que nous avons indiqués, l’eau blanche pour boisson, le son mouillé, les plantes fraîches pour nourriture, les lavemens émolliens, sont encore nécessaires pour concourir au ramollissement du pied.

Desséchement des mamelles ou mal sec. Cette maladie vient à la suite des grands froids, des chaleurs excessives, des contusions aux mamelles, des blessures, des mauvaises qualités de lait, du fréquent usage de certaines plantes, de l’inflammation des abcès, des ulcères, & de tous les principes, en un mot, qui, en diminuant le diamètre des vaisseaux lactifères, & les obstruant, s’opposent à la sécrétion du lait, & occasionnent le desséchement des mamelles.

On s’apperçoit de cet accident par le lait, dont la quantité diminue un peu tous les jours, par le défaut de cette humeur, malgré tous les moyens que l’on emploie pour traire, & par le retrécissement des mamelles.

Traitement. Le mal sec, qui arrive à la suite d’un dépôt laiteux, d’un abcès ou d’un ulcère, est, pour l’ordinaire, incurable. Celui qui est dû à un grand froid, ou à la mauvaise qualité du lait, est souvent accompagné de l’obstruction des gros vaisseaux destinés à le charrier. Dans ce cas, il est indispensable, dans le commencement de la maladie, de sonder doucement le conduit de chaque mamelon, avec une broche de bas, à l’extrémité de laquelle on aura pratiqué un petit bourrelet enduit d’huile d’olive ; d’attirer le lait dans les mamelles par de fréquentes frictions, sèches & légères avec la main, & de faire des fumigations avec les baies de génièvre, dans la vue de favoriser la dissipation de la matière qui engorge les vaisseaux lactifères, & d’opérer une sécrétion plus facile & plus abondante de lait dans les mamelles.

Le desséchement qui est produit par les grandes chaleurs, les alimens aromatiques, échauffans & peu abondans en mucilage, exige l’usage des émolliens sur les mamelles, & des alimens mucilagineux & humides. Il faudra donc donner à la vache, à la brebis & à la chèvre, pour nourriture, du son humecté, de l’eau