Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 3.djvu/698

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mêlé aux alimens, & les colore ; mais dans la lienterie, les alimens n’ont éprouvé aucune espèce de préparation, & ils sortent par le fondement, absolument dans le même état où ils étoient, lorsqu’ils ont été reçus dans l’estomac.

Ces trois états sont, comme il est facile de le voir, des degrés de la même maladie ; mais pour mettre plus d’ordre dans cet article, & pour rassembler sous un même point de vue tout ce qui regarde cette matière, nous allons traiter de ces trois états Séparément, & nous prescrirons les remèdes propres à les combattre.

I. Du dévoiement ordinaire, diarrhée ou cours de ventre. La diarrhée est une maladie dans laquelle les alimens avant d’être digérés, comme l’état ordinaire l’exige, sortent par le fondement sous la forme fluide, & causent, en sortant, plus ou moins de douleur d’entrailles, & diffèrent entr’eux par l’odeur & par la couleur.

La diarrhée est de plusieurs espèces. L’une est essentielle, quand la cause a son siége dans les intestins ; l’autre est symptomatique, quand la cause est placée dans les autres parties du bas ventre. Enfin, il en est une qu’on connoît sous le nom de critique : cette dernière termine les maladies aiguës, telles que les pleurésies, les fièvres putrides & malignes. Cette diarrhée critique est plutôt une crise Salutaire qu’une maladie essentielle ; & bien loin de la traiter, il faut laisser agir la nature.

Les diarrhées diffèrent encore en raison de l’âcreté des matières qui sortent, & de la nature de ces matières. Quelquefois le pus sort avec les autres matières, & on les nomme diarrhées suppurées ; quelquefois aussi c’est la graisse, & on les nomme diarrhées colliquatives. Ces diarrhées existent dans les suppurations internes, dans la phthisie, & autres suppurations de différentes parties contenues dans le bas ventre, & elles annoncent la fin prochaine du malade. Il existe encore des diarrhées épidémiques, sur-tout lorsque les fruits ont été abondans dans l’automne.

Les causes qui font naître la diarrhée, sont le défaut d’action des intestins sur les alimens, ou l’effet contraire, c’est-à-dire, une action trop forte des intestins sur les alimens.

Dans le premier état, des purgatifs violens, des alimens âcres irritent les intestins, en font sortir une plus grande quantité de fluide : ce fluide détrempe les alimens, & les fait sortir avant le terme prescrit par la nature à cause de l’action violente des intestins. Dans le second état, lorsque les matières bouchent les pores des intestins qui pompent le chyle des matières alimentaires, le chyle reste mêlé aux alimens, les détrempe, relâche le tissu des intestins, & la diarrhée vient, dans ce cas, par relâchement, comme elle naît dans le précédent par irritation : le pus qui coule des différentes parties du bas-ventre, venant à parcourir les sinuosités des intestins, y cause irritation, & produit la diarrhée par le même mécanisme que nous venons d’expliquer.

Dans la diarrhée, le malade éprouve des douleurs d’entrailles, des épreintes ; le ventre s’aplatit, la soif s’allume. Ces symptômes sont proportionnés aux degrés de l’irritation : les urines coulent en petite quantité, toute la sérosité du sang