Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 3.djvu/81

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

provinces méridionales de la France, comme la Provence, le Languedoc, le Dauphiné, où elle est connue sous le nom d’araire, parce que c’est la plus ancienne charrue légère connue dans l’Agriculture, & celle qui a un rapport plus immédiat avec la charrue égyptienne, & la charrue romaine, comme il est aisé de s’en convaincre, en comparant la description que nous en donnons avec ce que Virgile dit des charrues latines dans son premier livre des Géorgiques.

La charrue légère, nommée communément araire ; (Fig. 1, Planche 2), est composée du sep AB, lequel a ordinairement trois à quatre pieds de longueur : la partie qui est en avant, ou le bout antérieur, est terminé en pointe. Le dessous du sep, ou la surface inférieure qui pose sur le terrein quand la charrue est en mouvement, n’est point plat, il forme une courbe peu sensible dans toute sa longueur.

Le talon ou l’extrémité postérieure du sep, est terminé par un fort tenon qui est reçu dans la mortoise pratiquée à l’extrémité de l’âge DE, avec laquelle il s’assemble : pour contribuer à la solidité de son assemblage, il est encore uni à l’âge par deux montans de fer FG, qui sont clavetés sur l’âge comme on le voit en F. Entre l’âge & le sep, c’est-à-dire, de F à G il y a environ quinze pouces de distance. Au lieu de ces montans en fer, on met quelquefois à leur place un morceau de bois ou de fer tranchant, qui peut servir de coutre quand on lui donne l’inclinaison convenable pour cet effet : on peut dire cependant qu’il ne remplit pas sa destination, puisqu’il n’est pas placé de manière à pouvoir ouvrir la terre devant le soc. Toute l’utilité qui peut en résulter, consiste à arrêter les mauvaises herbes & les racines qui viendroient s’embarrasser & s’amonceler contre les oreilles ou le sep.

Le soc de cette charrue, fait en forme de fer de lance ou de dard, qu’on voit représenté par la Figure 2 est fort long : il est placé sur le sep, de manière que son manche DI, entre dans la même mortoise qui est pratiquée à l’extrémité de l’âge, où le tenon du sep est entré. Les ailes KL du soc sont appuyées contre les montans FG de la première Figure. Ce soc, sans être uni au sep, est cependant placé assez solidement pour que son action ne tende pas à lui faire quitter sa position : ces deux ailes étant appuyées contre les montans FG, l’effort qu’il fait pour ouvrir la terre contribue à le maintenir dans la position où il doit être pour agir.

Le manche M, (Fig. 1), est terminé au bout comme une espèce de crosse, dont l’extrémité a un tenon qui entre, de même que celui du sep & le manche du soc, dans la grande mortoise qui est pratiquée à l’extrémité de l’âge, & qui leur est commune. Le manche, ainsi que les deux autres pièces, est assujetti dans cette mortoise, par des coins qu’on enfonce à coups de maillet, pour rendre cet assemblage très-solide. On a attention qu’il y ait toujours un coin en haut & l’autre en bas, afin de pouvoir donner plus ou moins d’entrure à la charrue quand il est nécessaire : si la mortoise étoit trop large vers les côtés, on seroit obligé d’y glisser de petits coins, afin que les pièces qui