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Pl. 2, pag. 73.) est composée des deux brancards AA, aux bouts desquels sont deux chevilles pour arrêter la dossière du cheval limonier. Ils doivent être assez distans l’un de l’autre, pour qu’on puisse aisément y attacher un cheval. Si on vouloit faire usage de cette charrue, il faudroit mettre aux limons des crochets pour les traits du cheval : ils manquent dans la figure que nous donnons, parce que nous avons cru ne devoir rien changer au modèle que le Père d’Incarville a envoyé de la Chine, & sur lequel la présente figure est dessinée.

Quand la charrue est tirée, les deux socs BB, tracent ensemble deux sillons ; ils sont unis, comme on le voit, à deux montans, fortifiés dans le bas par deux traverses : celles du double manche ont des entailles qui reçoivent ces montans, dont les tenons, qui sont à leur extrémité, vont entrer dans les mortoises pratiquées à la traverse supérieure des manches.

Les deux manches CC, assemblés & soutenus par quatre traverses, entrent par leurs tenons dans les mortoises pratiquées à l’extrémité des brancards. C’est par ces manches que le laboureur conduit & dirige la charrue. Il faut observer qu’ils doivent avoir un peu plus de longueur que ne le montre le dessin, & qu’ils doivent aussi être un peu plus inclinés.

La caisse D, qui est assujettie sur des traverses, contient la semence. Maintenant, qu’on suppose la charrue attelée d’un cheval, & qu’elle avance : les socs ouvriront deux petits sillons, la semence contenue dans la caisse tombera par l’ouverture qui est à son fond vers E, dans l’auge F, au fond de laquelle il y a deux trous, dont un communique au conduit G, qui répond au tuyau creusé dans la pièce de bois H, & va aboutir au trou qui est derrière le soc I. L’autre trou est destiné à fournir la semence au soc qui est à droite, par des tuyaux pareils à ceux qu’on vient de décrire, qui sont disposés de la même manière.

Il est aisé de concevoir que la semence contenue dans la caisse, qui tombe dans l’auge à mesure que la charrue avance, continue, par le même mouvement, à descendre dans les tuyaux qui la conduisent jusqu’aux socs, d’où elle s’échappe à mesure qu’ils tracent les sillons dans lesquels elle tombe. Le rouleau L, qu’on voit derrière la charrue, a deux anneaux auxquels sont passées deux cordes qui sont attachées à l’extrémité postérieure des brancards ; lorsque la charrue est tirée, il vient par derrière le laboureur, pour enterrer la semence en comblant les sillons.

Cette charrue, d’une invention très-ingénieuse, a cependant des inconvéniens qui sont cause qu’elle n’est point aussi parfaite qu’elle auroit pu l’être. 1o. Elle n’a point de modérateur qui règle la sortie de la semence : on ne peut donc point semer plus ou moins épais, selon qu’on le voudroit & qu’il peut être nécessaire. Si l’on fait trop large l’ouverture par laquelle elle tombe, ainsi que celle des tuyaux qui la distribuent, elle tombera trop abondamment : si les conduits sont étroits, ils s’engorgeront, & la semence ne pourra point tomber. Un modérateur auroit prévenu ces in-