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Par le moyen d’une cheville qui peut entrer dans les différens trous pratiqués à l’âge, on avance ou on recule le collet à volonté, pour donner à l’angle que forme l’âge avec le sep, l’ouverture qui est nécessaire pour que la charrue pique plus ou moins. Ce collet peut glisser sur l’âge tant qu’on veut ; mais s’il n’étoit point retenu par une cheville qui entre dans un trou fait à l’extrémité du forceau en F, il quitteroit le forceau. Tout l’effort de l’attelage porte donc sur ces deux chevilles, qui doivent être assez fortes pour résister à la puissance qui agit sur elles.

Le grand avantage de cette charrue, qui lui est commun avec celles qui ont un avant-train, consiste à faire piquer plus ou moins le soc ; c’est-à-dire, à tracer un sillon plus ou moins profond, selon la sorte de culture qu’il convient de donner à la terre qu’on laboure. La profondeur du sillon, comme on sait, est toujours proportionnée à l’ouverture de l’angle que forment le sep & l’âge ; de sorte que le soc s’enfonce dans le sillon à une plus grande profondeur, quand cet angle est peu ouvert, que lorsqu’il pèse beaucoup : à mesure qu’on élève l’âge sur la sellette, le soc s’élève en même proportion ; par conséquent il s’enfonce moins, tandis que la partie postérieure du sep s’abaisse, ce qui donne un angle d’une plus grande ouverture. Au contraire, en abaissant l’extrémité de l’âge sur la sellette, la partie postérieure du sep s’élève, tandis que le soc s’enfonce pour entrer plus profondément dans le terrein. Or rien n’est plus aisé que d’élever ou de baisser l’âge, en faisant glisser en avant ou en arrière le collet que l’on fixe où l’on désire, par le moyen des chevilles.

Lorsqu’une puissance fait effort à l’extrémité de l’âge pour tirer la charrue, qu’en outre il y a une résistance à vaincre au bout du soc, il est évident que le bout de l’âge tend à baisser, tandis que le talon du sep tend à s’élever ; tous ces mouvemens auroient lieu, si la direction de la force qui est au bout de l’âge ne s’y opposoit continuellement, ainsi que celle du charretier, qui appuie sur les manches, afin que le talon du sep ne s’élève point. C’est pour cette raison qu’on élève le tirage des charrues qui n’ont point d’avant-train, afin que les chevaux de trait fatiguent moins. En donnant beaucoup de longueur à l’âge, pour qu’elle puisse aisément être élevée, on fait aussi les manches de la charrue fort longs ; par ce moyen, le charretier a plus de puissance pour arrêter l’effort du talon du sep, qui tend toujours à s’élever : le sep de ces sortes de charrues est ordinairement fort long ; il est plus aisé alors de le tenir dans son assiette au fond du sillon. Dans les terreins légers, on parvient à surmonter les efforts du soc ; mais il est très-difficile de le gouverner comme il faut dans les terres fortes. Si le talon du sep s’élève trop, le soc entre plus profondément dans la terre qu’il ne convient ; s’il baisse, il n’entre pas assez. Le charretier continuellement occupé d’un travail forcé, ne peut point conduire le soc comme il conviendroit : il pique donc trop, ou pas assez ; le labour par conséquent est inégal, puisque le versoir retourne tantôt de petites mottes, tantôt de grandes.

Les charrues à avant-train, en