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Le moyen de prévenir ces inconvéniens fâcheux, c’est de laisser exposé à l’air, pendant deux & même trois années, les matières tirées des latrines, ou bien de suivre la méthode indiquée au mot Aisance (fosse d’). On ne court aucun risque de laisser vieillir cet engrais, pourvu toutefois qu’il ne soit pas délavé par la pluie. Plusieurs jardiniers & cultivateurs le font complètement sécher à l’air libre ; ils le réduisent en poudre, & s’en servent, comme de la colombine ; dans cet état, il est appelé Poudrette.

Je ne conçois pas comment des habitans des villes, & qui sont propriétaires de biens fonds, ne se procurent pas abondamment cet excellent engrais. MM. Cadet, Parmentier & Laborie, dans l’Ouvrage cité au mot Aisance, indiquent les moyens de le transporter sans qu’il en résulte la moindre odeur ni la plus légère répugnance. Le point essentiel, pour l’agriculture comme pour le jardinage, est de ne l’employer qu’après plusieurs années révolues. Dans plusieurs villes du royaume, on mesure la hauteur, largeur & profondeur de la fosse d’aisance, & il y a prix fait & même assez fort, que le nettoyeur paye en raison des toises cubes ; dans la majeure partie des autres villes, on a la simplicité de payer pour s’en débarrasser. On seroit étonné si l’on savoit combien les latrines des casernes de la ville de Lille en Flandre, produisent de revenu à celui à qui appartient le droit de vendre cet engrais.

§. IV. Des Engrais tirés des Voiries.

Sous ce nom je comprends les excrémens, le sang, les débris des intestins, &c. qui sont enlevés des boucheries, ainsi que les boues des rues. &c. Cet engrais n’est pas à négliger ; il est prodigieusement actif, & il doit fermenter pendant longtemps dans les fosses, suivant la méthode déjà indiquée.

Il est inutile de répéter ce qui a été dit au mot Coquille ; c’est un excellent engrais si on fait le préparer. (Voyez ce mot)

Récapitulons en peu de mots, les ressources procurées par les engrais végétaux & animaux. 1°. Ils réparent l’épuisement de l’humus ou terre végétale, en rendant à la terre matrice celle qu’ils contiennent. 2°. Leurs parties graisseuses & salines combinées & réduites à l’état savonneux, deviennent les matériaux de la fève. 3°. Ils contiennent beaucoup d’air fixe & d’air inflammable. (Voyez ces mots) L’air fixe, plus pesant que l’air atmosphérique, reste concentré dans la terre, il est attiré par les racines, uni aux matériaux séveux ; & l’air inflammable plus léger que l’air atmosphérique, s’échappe à travers les pores de la terre, & il est absorbé par les feuilles ; de sorte que ces engrais contiennent en eux-mêmes tout ce qui est nécessaire à la végétation. Il résulte nécessairement de ces faits fondés sur l’expérience, qu’on doit avoir le plus grand soin de concentrer, autant qu’il est possible, les principes des engrais, & d’empêcher que la chaleur de la fermentation ou celle du soleil ne les fasse évaporer en pure perte.



ENJAVELER. (Voyez Javeler)


ENNÉANDRIE, neuvième classe du système de M. von Linné, renfer-