Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 4.djvu/256

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époque des temps vulgairement appelés bas, pesans ; ils sont tels, parce qu’ils sont chargés de principes électriques, que je crois être les principes de l’air inflammable, ou ce que les chimistes appellent le phlogistique, peu importe le nom qu’on lui donne & même sa nature ; mais il est constant que ce principe du feu favorise singulièrement la végétation, lorsque la sécheresse de la terre n’y met point d’obstacle.

Si la tige est maigre & fluette, à coup sûr l’épi le sera, à moins que par les circonstances les plus heureuses, par exemple, une pluie survenue à propos ou tel autre accident heureux, n’ait redonné du ton à sa manière de végéter. Il arrive souvent alors, que l’épi proprement dit, prend beaucoup de consistance, que les grains aoûtent ; (voy. ce mot) mais très-rarement dans cette circonstance il se trouve une correspondance convenable entre l’épi & la tige ; il en résulte que l’épi trop pesant, proportion gardée, pour peu qu’il soit surchargé par la pluie ou agité par le vent, fait plier la tige, les blés se couchent &c. &c. Quelle multitude innombrable de combinaisons éprouve une plante, du moment de sa naissance jusqu’à la maturité de son fruit !

Aux causes fâcheuses & indépendantes de la volonté de l’homme, il s’en joint une qui est son propre ouvrage. On a la fureur dans toutes nos provinces de semer trop épais, & si, avant ou pendant quelques jours d’hiver, les blés n’offrent pas à la vue un beau tapis vert, égal à celui des prés au premier printemps, on croit tout perdu ; ces plantes serrées les unes contre les autres ne trouvent pas à s’étendre ; cependant les tiges ; qui en sortent, cherchent à jouir des bienfaits de la lumière, & semblables dans ce cas, aux sapins, aux arbres forestiers plantés trop près, elles s’allongent sans grossir. Comparez-leur les tiges de quelques grains semés moins dru, la disproportion est étonnante : le cultivateur la voit, la connoît & ne se corrige pas ; il se plaint ensuite, accuse les saisons, tandis qu’il devroit s’imputer les suites fâcheuses de son obstination.



ÉPIERREMENT, ÉPIERRER. C’est enlever les pierres d’un jardin, d’un champ, d’une vigne. Cette opération est utile, généralement parlant, & sur-tout dans les plates-bandes d’un jardin potager ; alors, afin d’éviter la dépense du transport : on peut ouvrir de larges tranchées dans le milieu des allées, y enfouir les pierres, & les recouvrir de terre ; il résulte deux avantages de cette opération, l’épierrement des planches est à peu de frais, & les allées plus sèches : par conséquent, il y croît beaucoup moins d’herbes, & le jardinier est dans le cas de le ratisser moins souvent.

Il n’en est pas ainsi des champs, des vignes, &c. sur-tout si les pierres sont de nature calcaire, (voyez ce mot) ou susceptibles d’une assez prompte division de leurs parties par l’effet des météores ; les seules trop grosses pierres doivent être enlevées, & non les autres dès qu’elles n’ont pas au-delà de deux à trois pouces de diamètre. Elles retiennent l’humidité dans la terre, augmentent sa chaleur, & même celles qui se trouvent à sa surface, attirent plus la rosée que la terre. Si on soulève une