Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 4.djvu/282

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doient que très-peu d’excrémens fort durs, depuis le commencement jusqu’à la fin de la maladie ; quelques autres, au contraire, les rendoient durs au commencement, & liquides vers la fin ; d’autres enfin, les rendoient liquides depuis le commencement jusqu’au moment de leur mort ; mais en général, peu de temps avant qu’elles ne périssent, tous les excrémens étoient plus ou moins noirs, jaunes, fétides & quelquefois purulens ; rarement se trouvoient-ils mélangés d’un sang dissous. On ne remarquoit aucune différence entre le lait des vaches malades & celui des vaches saines ; le lait des premières étoit seulement moins abondant, & donnoit plus de crème que celui des dernières, mais quant au goût, à l’odeur, à la coagulation, à l’ébullition, il n’y avoit aucune disparité : le seul lait tiré de la veille ou du jour de la mort, étoit un peu altéré, & prenoit une teinture jaunâtre ; l’odeur en étoit pour lors désagréable, & le goût un peu âcre ou alcalin.

On trouve dans l’Ouvrage de M. le Clerc, la description d’une maladie épizootique, qui ravagea le Dannemarck. La contagion, dit cette description, se répand avec beaucoup de rapidité ; les animaux les plus jeunes, les plus robustes & les mieux portans, en sont les plutôt attaqués, & meurent plus promptement. On a remarqué que, dans la plupart des sujets, la toux est le premier symptôme du mal ; les yeux deviennent ternes, humides & chassieux, il en distille même des larmes. Le lait tarit dans les vaches, c’est même la marque la plus sûre que la maladie les a gagnées. Au commencement l’animal a froid jusqu’à frissonner, à peu près comme dans le premier période d’un accès de fièvre dans l’homme ; l’ardeur survient ensuite, & dure plusieurs jours ; elle est sur-tout sensible à la nuque, soit par la chaleur même, soit par le battement du pouls ; l’animal malade perd l’appétit, mais il boit volontiers, tant que l’inflammation ne l’empêche pas d’avaler ; il sort abondamment de ses narines & de sa bouche une matière baveuse, accompagnée d’une puanteur insupportable ; les dents s’ébranlent chez la plupart ; la constipation survient quelquefois, mais dans tous ou presque tous les sujets il y a diarrhée dans le commencement : il ne sort guère d’excrémens, mais de l’eau. Vers la fin de la maladie, les deux dernières articulations de la queue se corrompent & deviennent molasses. Si on enlève la peau qui les couvre, il en sort une matière purulente & fétide, la corruption gagne de proche en proche jusqu’aux cornes qui deviennent froides & se rident. Le mal est à son dernier terme, lorsque le froid atteint les oreilles & les narines ; c’est alors que d’ordinaire l’animal meurt au sixième ou septième jour, depuis que le mal s’est manifesté.

L’ouverture du cadavre montre la vésicule du fiel excessivement grande, & pleine d’une liqueur plus semblable à de l’urine qu’à de la bile : dans quelques-uns on a trouvé dans cette poche jusqu’à trois livres pesant de cette liqueur ; dans beaucoup de sujets l’estomac & les intestins se sont trouvés remplis de vers qui venoient encore à l’ouverture ; il y avoit aussi dans les vaisseaux sanguins, certains insectes,