Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 4.djvu/285

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érésipélateux, livide, gangrené & couvert de taches noirâtres ; mais la trachée-artère est tellement infectée, que sa tunique intérieure s’en sépare sans efforts. 11°. Le médiastin, la plèvre, le péricarde & le diaphragme, sont toujours, ou enflammés, ou gangrenés. Il est rare de trouver le cœur entièrement sain ; l’intérieur, l’extérieur & la substance charnue de ce viscère portent les marques de la contagion, ses cavités sont remplies d’un sang altéré, ou d’un sédiment qui ressemble à une lie brune. 13°. À l’ouverture du ventre, on trouve toujours le mésentère enflammé ; le foie & la rate sont souvent d’une couleur noirâtre ou ocracée ; ils sont ridés, desséchés, quand ils ne sont pas gonflés d’un sang épais, semblable à de l’encre. Il est très-dangereux d’examiner de près ces viscères ; la puanteur insupportable qui s’en exhale, fait presque toujours tomber en syncope ceux qui s’en approchent. 14°. On ne trouve dans la vésicule du fiel, qu’une bile épaisse & très-dissoute. 15°. Les différens ventricules ou estomacs offrent différens phénomènes : le premier qui est connu sous le nom de ventre, est ordinairement enflammé & quelquefois gangrené ; les alimens qu’il contenoit pendant la maladie, paroissent arides & desséchés. Le second reticulus est quelquefois sain, & quelquefois enflammé ; l’arinaceus, qui est le troisième, est de couleur de plomb ; plus cet estomac a été infecté de gangrène, plus aussi le reste des alimens qu’il contient est noir, sec & brûlé ; dans ce cas la tunique intérieure s’en sépare d’elle-même. Le dernier ventricule, qui est le perfectible, est presque toujours de couleur de minium ; il est rempli d’une matière jaune, infecte, semblable aux excrémens. 16°. Les intestins sont toujours vides, & si pleins d’air, qu’à peine peut-on concevoir comment ils ont pu résister à une si grande extension : on les trouve souvent parsemés de taches livides, mais les gros intestins sont presque toujours ridés, retirés ou très-flasques ; dans les animaux qui ont été constipés pendant la maladie, ils sont remplis d’excrémens durs, & semblables aux restes de la nourriture que contient le troisième estomac. 17°. Il est rare de ne pas trouver les rognons, ou les reins, sains ; je ne les ai jamais vu que deux fois enflammés & gangrenés : il est des cas où la vessie & les conduits urinaires sont altérés, sur-tout dans les vaches pleines, & la matrice enflammée ; les veaux qui s’y trouvoient renfermés avoient non-seulement les boyaux endommagés, mais leur poitrine & leur ventre étoient encore remplis d’une humeur sanguinolente & de mauvaise odeur.

D’après toutes ces observations, M. le Clerc conclut, 1° que le venin contagieux qui affecte les bestiaux, se transmet par le moyen de l’air qui est le réservoir & le véhicule de toutes les vapeurs & exhalaisons ; 2°. que les propriétés de ce venin dépendent essentiellement d’un principe âcre quelconque, uni au principe du feu que l’on appelle phlogistique, universellement répandu dans toute la nature : c’est lui qui est la cause de la dilatation & de la liquidité des corps. De son union avec un sel alcali volatil, il résulte un principe actif, tumultueux,