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Les escarotiques méritent quelquefois la préférence sur l’instrument tranchant. Dans un épanchement d’eau dans la poitrine, lorsqu’il se forme une tumeur œdémateuse au côté, qui indique la nécessité de percer dans cet endroit même, on préviendra le renversement des bords de la plaie qui ne manquera point d’arriver, si on ouvre avec le bistouri, en appliquant sur la tumeur une traînée de pierres à cautère. Il est nombre d’autres cas où les escarotiques produisent les effets les plus merveilleux. Je terminerai ce que j’ai à dire sur ce sujet, par une observation importante : c’est que, quand on applique des escarotiques, on prévient l’incendie & le feu qu’ils portent dans le sang & les autres humeurs, en faisant boire de l’eau de poulet, de l’eau tiède nitrée, ou du petit lait. M. AME.


ESCOURGEON. (Voyez Orge)


ESPALIER. En jardinage, ce mot a deux acceptions différentes : il signifie ou la muraille contre laquelle on plante les arbres, ou les arbres eux-mêmes-plantés contre la muraille. Pour avoir l’idée d’un arbre taillé en espalier, voyez Planche 16, p. 460, du tome 2. On voit sur la Figure 4, la loque armée de son clou, qui sert à assujettir la branche contre le mur. M. de la Quintinie dit que les espaliers ne sont pas fort anciens, qu’il les a vu naître : il n’est donc pas surprenant que ce grand homme n’ait parfaitement connu toutes les ressources qu’ils présentent, & les règles les plus avantageuses relativement à leur conduite. Le besoin & l’observation ont peu à peu conduit les habitans de Montreuil à l’excellence de la pratique, & à devenir les premiers tailleurs d’arbres en espalier.

Des motifs multipliés ont invité à planter des arbres contre des murs. 1°. La vue d’un mur fatigue, il semble qu’on est emprisonné au milieu de ses jouissances ; mais s’il est couvert d’une belle verdure, l’œil reçoit une douce impression, & ne s’apperçoit pas du signe de la captivité. 2°. Les murs faisoient perdre un terrein précieux dans les parcs & dans les jardins. 3°. Plusieurs arbres originaires des pays méridionaux, & transportés dans le nord, avoient besoin d’abris, soit pour garantir les fleurs des intempéries des saisons, soit afin de faire acquérir à leurs fruits une maturité parfaite par une plus grande intensité de chaleur & une chaleur soutenue.

I. Des murs de l’espalier & de la manière de les couvrir d’arbres. Je comprends sous cette dénomination les murs pour soutenir des terrasses, les murs de clôture & les murs construits exprès de distance en distance, afin de multiplier les abris.

1°. Des murs de terrasse. Quelle que soit la hauteur de ces murs, il est possible de les couvrir entièrement de verdure ; le temps & une main habile suffisent. Des abricotiers & des vignes rempliront cet objet, si l’exposition n’est pas septentrionale ; dans ce cas, le cep du raisin, appelé verjus à Paris suppléera, on peut lui associer les pruniers, les poiriers d’hiver ; cependant, si le soleil ne frappe de ses rayons en aucun temps de l’année, les arbres qui doivent couvrir cet espace prodigieux, on ne peut pas s’attendre à avoir de bons fruits, on aura de la verdure, c’est beaucoup. Dans quelque exposition que soit le