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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 4.djvu/371

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dans un mulet, auquel on avoit inconsidérément donné du ers pour nourriture. L’ouverture de cet animal me montra l’estomac rompu à sa grande courbure. La sortie de cet aliment par les naseaux, m’avoit caractérisé la rupture de ce viscère. M. T.



ESTRAGON. M. Tournefort le place dans la troisième section de la douzième classe, qui comprend les herbes à fleur en fleurons, qui laissent après elles des semences sans aigrette ; il l’appelle abrotanum mas, linifolio, & acriori & odorato. M. von Linné le nomme arthemisia dracunculus, & le classe dans la singénesie polygamie, superflue.

Fleur à fleurons hermaphrodites dans le disque, & femelles à la circonférence. Les fleurs font en forme de tube, rassemblées dans un calice commun, obrond &. garni d’écailles rondes.

Fruit. Les semences des fleurons, soit hermaphrodites, soit femelles, font solitaires, nues, placées dans le calice, sur un réceptacle velu.

Feuilles simples, très-entières, linéaires, en forme de fer de lance, adhérentes à la tige, lisses, verdâtres.

Racine, dure, avec quelques fibres.

Port ; tiges herbacées de la hauteur de deux pieds, grêles, un peu anguleuses, rameuses ; les fleurs naissent au sommet, très-petites ; les feuilles placées alternativement sur les tiges.

Lieu ; originaire de Sibérie, cultivé dans les jardins, où il fleurit en juin & juillet. Il est vivace.

Propriétés. Les feuilles sont acres, piquantes au goût, mais agréables & aromatiques. Elles augmentent légèrement le cours des urines, excitent l’appétit diminué par des humeurs pituiteuses, échauffent, altèrent, réveillent les forces vitales, calment le météorisme ; elles sont utiles dans le scorbut, dans les pâles couleurs, la suppression du flux menstruel par l’impression des corps froids ; elles sont un très-bon masticatoire pour les animaux.

Culture. Dans les provinces méridionales, cette plante commence à sortir de terre en février, & c’est le cas de la défilleuler pour transplanter les jeunes brins. On peut le faire en mars, mais il réussit mieux dès qu’il pointe ; la règle est sûre. On peut semer laplante en avril ou en mai ; il vaut mieux défilleuler, & en faire des bordures ou des quarrés. Après sa plantation, il exige d’être sarclé souvent, arrosé fréquemment, & toutes ses pousses coupées de quinze en quinze jours, alors il sera très-tendre, & les racines multiplieront beaucoup. Ceux qui cultivent avec soin cette plante, coupent toutes ses tiges & feuilles à l’entrée de l’hiver, & avec de la terre bien substantielle mêlée avec du fumier, recouvrent les racines à la hauteur de deux à trois pouces. Les amateurs plantent sur couche & à l’entrée de l’hiver, quelques-unes des touffes, & jouissent, malgré la rigueur de la saison, d’un herbage utile aux cuisines. Le vinaigre à l’estragon est devenu fort à la mode ; on laisse infuser les feuilles pendant quelques jours, & elles lui communiquent leur odeur & leur goût. La charlatanerie a imaginé ce mélange, & la coutume s’est établie. Originairement les vinaigriers ont voulu masquer le mauvais goût de leur vinaigre, fabriqué avec des baissières de bière de cidre, de poirée ; &c. le goût a plu, & on a dénaturé le vinaigre de vin, un des