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languiroit dans de pareils étangs & y périroit.

Il est de la dernière importance que l’eau ait une certaine profondeur, qu’elle ne s’étende pas inutilement, & au loin, sur les bords à la hauteur de quelques pouces seulement ; cet excédent est inutile au poisson ; il est le repaire des insectes, la cause de la corruption de l’air & la peste du voisinage. L’humidité & la chaleur, je ne saurois trop le répéter, sont les principes de la putréfaction.

II. Du local de l’étang. Le premier soin est de s’assurer si le sol retiendra l’eau ; si, sous la première petite couche de terre, on ne trouvera pas un banc de sable ou de gravier, ou des scissures de rocher ; en un mot, se convaincre par des sondes multipliées, qu’il ne se perdra point d’eau. (Voy. le mot Sonde)

Le second est de donner différens coups de niveau, afin de s’assurer de la hauteur de la chaussée une fois déterminée, à quelle hauteur l’eau montera, & quelle superficie de terrein en sera recouverte.

Le troisième, d’examiner si toutes les parties qui seront sous l’eau, appartiennent au constructeur de l’étang, sans quoi les procès seroient multipliés à l’infini, à moins que par des arrangemens préliminaires & passés par-devant notaire, on ne fût plus dans le cas de demander des dédommagemens.

Le quatrième est d’éloigner l’étang de la maison ou du village, & surtout de ne le pas placer au vent de l’un & de l’autre ; dans le premier cas, la santé du propriétaire l’exige, & dans le second l’humanité le demande.

Ces premières observations pratiques en supposent d’autres qui tiennent à la spéculation. Combien coûtera la chaussée à construire ? Combien rendra cet étang, en supposant la plus grande réussite ? Combien rendent actuellement les terres destinées à être converties en étang ? Enfin, en supposant qu’elles soient marécageuses, combien en coûteroit-il pour les égoutter, & quel seroit alors leur produit ? Cet examen mérite la plus grande attention de la part du propriétaire. Ce n’est pas tout ; après avoir porté la réussite de l’étang au plus haut, il doit de nouveau calculer son produit au plus bas, & recommencer tous les calculs de comparaison : le chapitre des accidens est immense, & il le forcera par la suite à se convaincre que deux & deux ne font pas toujours quatre, lorsqu’il s’agit d’un étang.

Tout fonds bas peut servir au placement d’un étang, parce que l’eau y séjourne naturellement, & il sert de réservoir à toutes les eaux de pluies. Ces positions entraînent après elles un grand inconvénient, c’est le rehaussement du fond par les terres que les pluies entraînent, & qui comblent la tranchée ouverte dans le bas, afin de laisser écouler toute l’eau du côté de la porte de l’écluse.

La position la plus heureuse, est celle formée par le rapprochement de deux coteaux, de deux collines ; il y a alors beaucoup moins de longueur de chaussée à construire. Communément on trouve une profondeur convenable sur le devant & sur les côtés ; & la hauteur de la chaussée, détermine l’espace & la circonférence qui sera par la suite recouverte d’eau.