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par un mufle à deux mâchoires, & il l’appelle Euphrasia officinarum. M. von Linné lui conserve la même dénomination, & la classe dans la didynamie angiospermie.

Fleur B, divisée en deux lèvres, dont la supérieure est relevée & découpée, & l’inférieure C est divisée en trois parties égales, chacune subdivisée en deux parties égales & obtuses ; la corolle D est blanche, couverte de quelques raies violettes, & d’une tache jaune au centre des divisions de la lèvre inférieure ; les étamines au nombre de quatre, dont deux plus grandes & deux plus courtes, attachées à la lèvre supérieure ; le calice E d’une seule pièce, est divisé en cinq parties.

Fruit F, capsule oblongue, arrondie, comprimée, partagée en deux loges qui renferment de petites semences G, arrondies.

Feuilles ovales, à dents aiguës, lisses, luisantes, veinées.

Racine. A, simple, menue, tortueuse, ligneuse, blanchâtre.

Port. La tige s’élève de quelques pouces, cylindrique, velue, noirâtre, quelquefois simple, quelquefois branchue ; les fleurs naissent au sommet : on y remarque deux feuilles florales.

Lieu. Les terreins arides, les bords des bois, les bruyères ; la plante est annuelle, elle fleurit en août, septembre, octobre.

Propriétés. Les feuilles ont un goût amer. On a attribué de grandes vertus à cette plante, comme de fortifier la mémoire, de remédier aux affections soporeuses, &c. ce qui n’est point démontré par l’expérience. La plante fleurie est diurétique, céphalique, ophtalmique. Si l’ophtalmie est humide, ou avec chassie, elle produit de bons effets ; si, au contraire, l’humeur qui coule des yeux est âcre ou en très-petite quantité, l’eufraise est très-contre-indiquée. On distille cette plante unie avec l’eau, & on en trouve dans toutes les boutiques d’apothicaires ; cette eau n’a aucune propriété supérieure à la simple eau de rivière.

Usages. On réduit les feuilles en poudre que l’on respire par le nez comme du tabac. Les feuilles fraîches & pilées sont mises en cataplasmes sur les yeux ; sèches, on les fait infuser dans l’eau & on les applique également. Quant aux autres préparations, elles sont très-inutiles.


EUPATOIRE D’AVICENNE. (Pl. IV) M. Tournefort la place dans la seconde section de la douzième classe, qui comprend les fleurs à fleurons, qui laissent après elles des semences aigrettées, & il l’appelle Eupatorium cannabinum. M. von Linné conserve la même dénomination & la classe dans la singénésie poligamie égale.

Fleur. Amas de fleurons B, hermaphrodites dans le disque, à la circonférence. C représente un fleuron avec les cinq découpures, qui terminent le tube. Ces fleurons sont rassemblés dans un calice D, composé de dix écailles linéaires, dont cinq longues & cinq courtes ; E représente le calice ouvert.

Fruit F. Semences ovales, couronnées d’une longue aigrette simple, placée sur un réceptacle nu.

Feuilles adhérentes aux tiges, ternées, digitées, très-entières, quelques fois dentées, imitant celles du