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tile, nous donne la tortue, les grenouilles, les limaçons, les œufs, le lait d’ânesse, celui de jument.

Nous ne devons pas oublier le riz, le gruau, l’orge, l’avoine, dont les préparations sont si recommandées & si utiles dans le traitement des maladies de la poitrine ; nous les devons au règne végétal. M. AM.


EXPOSITION. Situation par rapport aux vues & aux divers aspects du soleil. Chaque arbre, chaque plante l’exige pour prospérer. Si on les porte d’un pays chaud dans un pays froid, quoique placés au nord dans le premier, ils ne pourront subsister sous la même exposition dans le second, parce que les circonstances ne sont plus les mêmes ; il faut donc alors chercher le degré de température. Il en est ainsi des plantes du nord transportées vers le midi, & des plantes des hautes montagnes cultivées dans les plaines, où leur végétation est presque toujours languissante, & leur durée fort casuelle.

Pour connoître exactement l’exposition qui convient à tel arbre, à telle plante, il est indispensable de savoir dans quel pays, & sur quelle espèce de terrein il croît spontanément, de quel endroit il a été apporté, &c. ; sans ces connoissances préliminaires la culture est fausse. Ce n’est pas encore tout, chacun doit étudier quels sont les mauvais vents du pays qu’il habite, parce que la direction des vents change suivant les abris ; & souvent une, deux ou trois aires de vent sont de la plus grande conséquence. Il existe cependant des généralités sur ce point ; par exemple, en général tous les arbres forestiers situés au nord, donnent un mauvais bois pour la charpente & même pour le feu. Il en est ainsi lorsqu’ils croissent sur un sol humide, goutteux, &c. ; plus ces arbres forestiers approcheront du midi, plus leurs fibres seront serrées, leur bois compacte, & meilleurs ils seront pour la charpente. Les vignes, toutes circonstances égales, aiment le premier soleil du matin, celui du midi & du soir, & d’être bien abritées. Si le soleil donne tard, ses rayons trop chauds brûlent souvent les vignes, la graduation insensible de la chaleur leur convient beaucoup mieux ; les pommiers, les poiriers, en général, se plaisent sur les lieux élevés, où ils réussissent beaucoup mieux que dans les plaines des pays chauds ; les cerisiers sont dans le même cas. Le pêcher, l’abricotier, au contraire, aiment l’exposition du midi, du couchant, & même du levant, lorsque les vents n’y mettent point d’obstacles. C’est que la vigne, le pêcher, l’abricotier sont originaires des pays chauds, & les autres, des pays froids ; ils ont par conséquent besoin de beaucoup plus de chaleur que ceux-ci.

On doit encore considérer l’exposition relativement aux rosées ; les endroits bas sont plus sujets au cousson, (voyezce mot) que les coteaux ; les fruits, les raisins de ceux-ci sont très-supérieurs en qualité aux autres ; & si ce sont des fruits d’hiver, ils se conservent bien plus long-temps.

Tout propriétaire qui veut bâtir ou faire l’acquisition d’un domaine, son premier soin sera d’examiner l’exposition. S’il bâtit, qu’il cherche, dans les provinces méridionales, à placer la maison sur un site exposé d’un côté au nord, & de l’autre au