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cher ; alors il prendra avec les tricoises, le fer, par l’une des éponges, & le soulèvera ; par ce moyen, il entraînera les lames brochées, & en donnant avec les mêmes tricoises un coup sur le fer pour le rabattre sur l’ongle, les cloux se trouveront dans une telle situation qu’il pourra les pincer par leur tête & les arracher entièrement : d’une éponge il passera à l’autre, & des deux éponges à la pince. S’il s’agissoit cependant d’un pied douloureux, il tâcheroit au contraire de soulever les têtes avec le rogne-pied, en frappant sur cet instrument pour pouvoir les enlever & les prendre. Il faut encore que le maréchal examine les lames qu’il retire ; une portion du clou restée dans le pied du cheval, forme ce que nous appelons une retraite, qu’il est nécessaire de chasser avec le repoussoir, ou de retirer d’une manière quelconque. Le plus grand inconvénient qui en résulteroit, ne seroit pas de gêner & de d ébrécher le boutoir, mais de détourner la nouvelle lame, & de la déterminer contre le vif ou dans le vif ; alors le cheval boîteroit, le pied seroit serré, ou il en résulteroit une plaie compliquée.

Dès que le fer est enlevé, le maréchal ayant eu la précaution de mettre les cloux &c les lames dans une des parties du tablier, nettoie le pied de toutes les ordures qui peuvent dérober à ses yeux la sole, la fourchette & le bas des quartiers, & c’est ce qu’il doit faire en partie avec le brochoir, & en partie avec le rogne-pied. Il s’arme ensuite du boutoir pour parer le pied, c’est-à dire pour couper l’ongle, en tenant pet instrument très-ferme dans sa main droite, en en appuyant le manche contre son corps, & maintenant continuellement cet appui qui, non-seulement lui donne la force nécessaire pour faire à l’ongle tous les retranchemens convenables, mais une sûreté dans la main qui obvie à l’accident assez fréquent d’atteindre & de couper les muscles de l’avant bras, & même la main de l’aide ou du palefrenier.


Section VI.

Défauts fréquens dans l’action de parer le pied ; manière de faire porter le fer.


Un des défauts des plus fréquens dans l’action de parer, vient du plus de difficulté que le maréchal a dans le maniement du boutoir, quand il est question de retrancher du quartier de dehors du pied du montoir, & du quartier de dedans du pied hors du montoir ; aussi voyons-nous fréquemment ces quartiers plus hauts que les autres, & rencontrons-nous par cette raison un nombre infini de pieds dé travers, difformité qu’il seroit aisé de prévenir, dès que la cause en est due à la paresse du maréchal. Après qu’il a paré le pied, il importe donc qu’il l’examine dans son repos sur le sol, à l’effet de s’assurer s’il n’est pas tombé dans l’erreur commune. L’aide ou le palefrenier lèvera ensuite de nouveau le pied, & le maréchal présentera sur cette partie le fer légèrement chauffé. Il ne l’y laissera pas trop long-temps, comme sont la plupart des maréchaux de la campagne, qui consumant par ce moyen l’ongle, pour s’épargner la peine de le parer, affament sens considération tous les pieds des chevaux qu’on leur confie. Il se