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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 4.djvu/569

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mant plusieurs semences ovales, oblongues, aplaties.

Feuilles ailées ; les folioles entières presque adhérentes à la tige, attachées trois à trois, quatre à quatre ou cinq à cinq, oblongues, un peu épaisses, veinées.

Racine droite, rampante, fibreuse.

Port. Tiges de deux à trois pieds, suivant le sol & la culture ; quarrées, creuses. Les fleurs naissent des aisselles des feuilles, plusieurs attachées au même pédoncule ; les feuilles naissent alternativement sur les tiges.

Lieu ; les champs, les potagers ; la plante est annuelle.

I. Des espèces. La fève de marais qu’on vient de décrire tient le premier lieu, & paroît être le type des espèces jardinières. Parmi elles, on compte celle nommée à Paris fève d’Angleterre ou de marais ronde, qui diffère de la première par sa forme & par sa délicatesse.

La seconde est connue dans les provinces méridionales sous le nom d’abondance : elle est moins large, moins grosse que la première, plus longue, plus arrondie ; & ses gousses plus alongées & plus nombreuses contiennent un plus grand nombre de grains. Le même pédoncule en porte plusieurs, & ils s’inclinent contre terre. Ses feuilles sont plus larges & plus lisses que celles des autres fèves, & leur couleur plus foncée.

La troisième espèce est la julienne, beaucoup plus petite que la précédente, & la plus précoce de toutes les espèces. Ne seroit-ce pas celle que d’autres appellent petite fève de Portugal ?

La quatrième, la fève de marais à châssis, aussi petite que la précédente, & la plante s’élève de huit à dix pouces.

La cinquième, la gourgane ou fève de cheval, dont la graine est alongée, un peu cylindrique, & dont la couleur des fleurs est tantôt noire, tantôt d’un blanc-sale. Les botanistes regardent cette fève comme une variété de la première. Je crois qu’on pourroit l’admettre réellement comme une espèce botanique, puisque la culture, bonne ou mauvaise, ne la fait pas changer dans sa forme.

La culture a pour objet les fèves de jardin destinées à être mangées en vert ; celles des champs qu’on laisse mûrir sur pied ; la culture des fèves pour fourrage ; enfin, les semis des fèves comme engrais des terres.

II. De la culture en vert. La fève aime les terres substantielles, bien fumées & bien travaillées ; elle ne réussit pas aussi-bien dans le sol léger ou trop compacte. Le temps de les semer est en décembre, dans des lieux bien abrités, & exposés au midi. Il faut les garantir des effets des gelées, & veiller à ce que les mulots & autres animaux ne les détruisent pas. Si on craint les effets du froid, on retarde les semailles jusqu’à la fin de février, ou en mars, suivant les climats : on les sème en table ou par rangée en bordure. Dans les provinces vraiment méridionales du royaume, on les sème dans le courant du mois d’octobre, & l’expérience démontre qu’il y est avantageux de semer de bonne heure.

Si on désire avoir une règle pour chaque climat, la nature la dicte. Lorsque les pieds de fève que vous destinez à grainer seront mûrs & desséchés, enfouissez sur le lieu même un ou deux grains, & vous verrez