Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 4.djvu/591

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

contiennent de petits corps ronds ou de figure approchante. La membrane est l’épiderme proprement dit, elle est extrêmement fine, toujours transparente & sans couleur. L’observation la plus scrupuleuse n’a fait appercevoir à M. Desaussure ni fibres ni pores. Il est à croire cependant, que cet habile observateur s’est trompé ici ; car, si l’épiderme de la feuille, qui, sans doute, est le même qui recouvre toute la plante, n’a point de pores, comment s’exécuteroit le mécanisme de la succion & de la transpiration, duquel dépend la vie de la plante ? Mille faits, mille expériences parlent en faveur des pores, & il en est peut-être de l’épiderme végétal comme d’une glace qui est très-transparente, quoique le meilleur infiniment n’y puisse distinguer des pores : je dirois plus ; les pores de l’épiderme doivent être plus considérables, puisqu’ils laissent un passage, non-seulement aux molécules de la lumière, mais encore à des corps plus grossiers, comme l’air, l’eau, les sucs séveux, gommeux, &c. &c. Nous examinerons cette question plus en détail, lors que nous parlerons de la transpiration des plantes.

§. II. Du réseau cortical. Immédiatement au-dessous de l’épiderme est le réseau cortical, que l’on avoit pris jusqu’à présent pour l’épiderme lui-même. Cette membrane est tellement adhérente au réseau, qu’on ne peut distinguer si elle lui est extérieure ou non, & de quelque côté qu’on observe l’écorce, on voit & le réseau & la membrane avec la même facilité : cependant, comme souvent en écorchant une feuille, il arrive que le réseau ne suit pas la membrane, & qu’il reste attaché contre le parenchyme & les nervures, il est évident que l’épiderme lui est extérieur & le recouvre. Non-seulement le réseau, ou plutôt les mailles du réseau ne sont pas les mêmes dans les feuilles des plantes de différentes espèces, mais elles ne le sont pas sur toute la feuille ; en général, elles sont plus régulières dans le réseau du dessus de la feuille, que dans celui de dessous. La feuille du pêcher offre cette différence à un point singulier ; la forme des mailles de la surface supérieure approche de celle d’un hexagone régulier, tandis que celles de dessous n’offrent rien de régulier. À mesure que les mailles s’approchent du pétiole, elles sont constamment plus alongées & plus étroites ; elles le sont bien davantage sur le pédicule même. On en sent facilement la raison ; les mailles trouvant plus de surface & plus de liberté vers le milieu de la feuille, que vers le pétiole, se sont développées plus facilement, & les parties nutritives qui produisent l’accroissement, ont pu se placer en plus grand nombre entre ces mailles ; tandis que vers le pétiole & sur le pétiole même, l’espace trop étroit & trop resserré empêchoit naturellement ce développement. Il en est de même des mailles qui portent sur les nervures ; l’alongement de ces nervures en longueur beaucoup plus qu’en largeur, nécessite l’alongement des mailles qui les recouvrent.

La forme de ces mailles & le nombre de leurs côtés, varient dans presque toutes les plantes. M. Desaussure a observé que dans toutes les feuilles, 4, 5, 6 ou 7 filets viennent aboutir à une même maille ; le nombre de 6 est le plus fréquent.