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qu’on sent en y portant la main, la sécheresse de la peau, l’envie fréquente d’uriner, annoncée par l’attitude de l’animal, qui se campe, sont un indice que la crise va se faire du côté des urines.

Lorsque les tégumens paroissent se relâcher, s’échauffer, ce que l’on connoît en y portant la main dessus ; lorsque les épaules, les cuisses deviennent chaudes & moites ; lorsque le pouls, qu’on sent en portant le doigt indicateur sur la partie voisine de la tubérosité de la mâchoire postérieure, par où passe l’artère maxillaire, sous le muscle masseter, est plein & souple, on doit s’attendre à une sueur critique, sur-tout si l’on voit que les urines sont diminuées, & si le ventre est resserré.

Les borborygmes, la tuméfaction plus ou moins doloureuse du bas ventre, l’agitation continuelle du corps de l’animal annoncent que la crise de la fièvre doit avoir lieu par les selles.

Enfin, une respiration difficile & laborieuse, les yeux rouges, gros & enflammés, les expirations fortes & sonores, la toux avec ébrouement & expulsion des matières contenues dans les naseaux, sont autant de signes évidens de la crise par l’expectoration nasale ; c’est-à-dire, que la matière morbifique ou fébrile, passé par les branches pulmonaires, s’échappe par le larinx, & de là par le nez de l’animal.

Nous voyons néanmoins quelquefois la fièvre se terminer par des éruptions cutanées, par des exhanthèmes (voyez Exanthème) & par d’autres dépôts critiques, d’autant plus longs à guérir, que les symptômes se sont montrés avec violence. D’autres fois, les efforts de la fièvre sont si violens, l’inflammation est si vive, si considérable, que l’on voit la gangrène s’emparer facilement de la partie où siège la matière morbifique, comme, par exemple, dans les fièvres pestilentielles. (Voyez Peste)

Causes de la fièvre. Les causes qui produisent la fièvre dans les animaux, sont en général les mêmes que dans l’espèce humaine. La disposition inflammatoire du sang, son épaississement, sa stase ou son engorgement dans les vaisseaux capillaires, la dépravation des humeurs, voilà les causes générales. Les particulières sont toutes celles qui peuvent jeter le trouble dans l’individu de l’animal, troubler les fonctions, &, conséquemment obliger la nature à de plus grands efforts, afin d’éliminer sa matière morbifique ; tels sont un air contagieux & infecté, la mauvaise qualité du foin & des autres alimens que l’on donne aux animaux, des travaux forcés, une transpiration supprimée par le froid, ou par la pluie à laquelle l’animal aura été imprudemment exposé quand il étoit baigné de sueur ; quand on le laisse boire, sans s’être reposé, après de grandes fatigues, &c.

Traitement de la fièvre en général. Lorsqu’un jeune cheval, ou un bœuf à la fleur de son âge, est attaqué d’une fièvre violente, que le pouls, qu’on sent à l’endroit ci-dessus indiqué, est plein, que les vaisseaux extérieurs sont gonflés, que les yeux sont rouges Si enflammés, &c., il faut se hâter de saigner l’animal ; mais s’il est avancé en âge, s’il est foible, maigre, exténué de fatigues, épuisé ; s’il a la diarrhée ou la dyssen-