Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 4.djvu/628

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mine par la voie des bronches pulmonaires, la trachée-artère, le larinx, & enfin par les naseaux, si l’on s’apperçoit de la difficulté de respirer, du battement des flancs, & particulièrement par la consistance de l’humeur qui flue jusqu’au moment où la fièvre paroît se terminer ; l’animal d’ailleurs paroît soulagé, à mesure que l’expectoration nasale se fait, & que l’humeur loin de participer des qualités des matières purulentes comme dans la pulmonie, (voyez Pulmonie) devient de plus en plus visqueuse, blanchâtre, jaune & rarement verdâtre. Ainsi, lorsque la fièvre se termine par cette voie, il suffit seulement de donner à l’animal quelques breuvages adoucissans & mielleux, c’est-à-dire, du miel commun dissous dans une décoction de racine de mauve, de guimauve, de fleurs de violettes, &c. & de l’exposer à la vapeur des plantes émollientes, (Voyez Fumigation) dans la vue de débarrasser les bronches des substances hétérogènes, & de conduire par-là la maladie à sa fin ; si la coction paroissoit lente à se faire, il faut avoir recours aux béchiques incisifs donnés en bol, & composés d’iris de Florence, de fleurs de soufre, de chaque une once ; de camphre, myrrhe, de chaque demi-once, dans suffisante quantité d’oxymel simple. Ces remèdes, en excitant le jeu des vaisseaux, sont le plus propres à favoriser la résolution & l’évacuation de la matière fébrile ou morbifique contenue dans les bronches, après l’avoir atténuée.

Enfin, dans les cas où la nature paroît incertaine sur la voie qu’elle doit se choisir pour terminer la fièvre, & qu’il y a à craindre pour la vie de l’animal, il est indispensable & même urgent d’appliquer sur les tégumens de l’animal, des remèdes capables d’y produire l’inflammation & la suppuration, & d’y attirer non-seulement l’humeur qui occasionne la fièvre, mais encore de la détourner du centre à la circonférence. L’expérience parle en faveur des vésicatoires. Ils produisent de bons effets, dit le célèbre médecin vétérinaire de Lyon, M. Vitet, soit en détournant l’impétuosité du sang du côté où ils agissent, soit en déterminant la matière fébrile vers les parties qu’ils ont enflammées, soit en excitant un nouveau changement dans toute la machine, par leur action particulière sur les solides & les fluides. Ce précepte est si bien confirmé par l’expérience, que nous avons plusieurs fois retiré des effets merveilleux de ces remèdes, dans une fièvre maligne avec éruption, que nous avions à combattre : lorsque les forces vitales paroissoient s’abattre entièrement, & que l’éruption tardoit à se montrer, on annonçoit une métastase.

Ce n’est pas assez d’avoir considéré la fièvre en général dans ses symptômes, dans ses causes, dans sa crise, ni dans le traitement qui lui est le plus convenable ; la tâche que nous nous sommes imposée, nous oblige encore d’entrer dans le détail de toutes les espèces de fièvres auxquelles les animaux sont sujets : entrons en matière.

Section première.

De la Fièvre éphémère.

Le nom d’éphémère vient de ce